Selon une étude effectuée pour le groupe Cendant, les professionnels du tourisme vont devoir inventer de nouvelles offres d'ici une quinzaine d'années. Selon Tf1 qui publie un article de Sophie Lutrand, ils devront proposer des formules qui conviendront aux grands-parents, aux enfants ou aux célibataires, tout en développant "l'authenticité" et le souci écologique : la quadrature du cercle. Le responsable de cette étude, Éric Robertet, répond aux questions de la journaliste:
A l'horizon 2020, fini le forfait avion-plage ?
Eric Roberter (1) : D'après notre étude*, ce ne sera en tout cas plus le type de voyage dont voudront les touristes aux revenus moyens à élevés. Ils auront envie de voyages excitants, ludiques, riches en expériences, en découvertes culturelles... Rappelez-vous la publicité pour un festival de musique en Tunisie qui disait " Pour ne plus bronzer idiot ". En 2020, la plage et le soleil ne suffiront plus.
Que faudra-t-il leur proposer ?
E.R : Les professionnels du tourisme devront leur proposer des voyages répondant aux centres d'intérêt de toute la famille : les grands-parents voudront connaître les coutumes du pays, les parents souhaiteront peut-être profiter d'un spa pour décompresser de leur travail et les enfants profiter d'infrastructures sportives et de loisirs. Mais malgré cela, ils devront pouvoir se retrouver dans un même lieu avec des moments tous ensemble. Aujourd'hui, cela peut exister dans certains clubs mais les seniors ne s'y retrouvent pas forcément. Il faut développer la notion d'authenticité du voyage proposé et des sites visités.
L'authenticité organisée ne risque-t-elle pas de tourner à l'écomusée artificiel ?
E.R : Oui, c'est vrai que l'authenticité est assez incompatible avec le tourisme de masse. Le challenge est de le permettre à d'autres publics que les jeunes qui voyagent en solo en acceptant de dormir à la dure et avec de petits budgets.
Vous soulignez l'importance de la clientèle célibataire. Faudra-t-il la traiter différemment ?
E.R : Nous aurons comme aujourd'hui de jeunes célibataires mais aussi des adultes divorcé(e)s et des veufs ou veuves bon pied bon œil. Nous devons être créatifs pour leur proposer des offres qui ne leur rappelleront pas à chaque instant qu'ils sont seuls en surtaxant les chambres individuelles... Il faut leur permettre de se joindre à des groupes de personnes ayant les mêmes centres d'intérêt qu'eux (ex : trek au Népal, tour du monde des villes où des coupes du monde foot ont eu lieu...) et pour tous les budgets. La nouveauté sera aussi d'introduire la diversité au sein d'une même offre : un trek certes mais qui se termine par un séjour de balnéo ou un stage de développement personnel. Il faut métisser l'offre touristique.
Il s'agit là des offres pour les publics aisés et ayant l'habitude de voyager. Quid des autres ?
E.R : Les Indiens et Chinois vont de plus en plus voyager. Ils sont 60 millions en Inde et 60 millions en Chine aujourd'hui, ils seront quatre fois plus nombreux d'ici 10 ans. Mais il va y avoir un décalage dans leurs attentes. Leurs exigences en termes de produits touristiques vont être celles d'un Européen des années 70 ou d'un japonais d'il y a 10 ans. Tant mieux pour le tourisme : il sera plus facile de remplir un bus pour Bodrum (site balnéaire de Turquie) avec des Russes qu'avec des Danois. Cela permettra peut-être de recycler une offre qui ne plaira plus aux Occidentaux.
Vous parlez également de la naissance du tourisme éthique ou solidaire ?
E.R : Cela existe déjà mais en 2020, ce ne seront plus des initiatives individuelles et isolées. Elles pourront être orchestrées par les Etats . Peut-être que le principe du pollueur-payeur s'appliquera là aussi. Si une personne fait 12000 kms en avion chaque année, il devra s'acquitter d'une taxe ou bien donner de son temps pour participer à la rénovation d'un site.
* Etude réalisée par Future Fondation pour le groupe Cendant, spécialiste du tourisme (Gallileo et Gulliver en France) intitulée "Le monde du voyage en 2020".
(1) Eric Robertet est responsable de Future Fondation pour la France.
(Source TF1)
A l'horizon 2020, fini le forfait avion-plage ?
Eric Roberter (1) : D'après notre étude*, ce ne sera en tout cas plus le type de voyage dont voudront les touristes aux revenus moyens à élevés. Ils auront envie de voyages excitants, ludiques, riches en expériences, en découvertes culturelles... Rappelez-vous la publicité pour un festival de musique en Tunisie qui disait " Pour ne plus bronzer idiot ". En 2020, la plage et le soleil ne suffiront plus.
Que faudra-t-il leur proposer ?
E.R : Les professionnels du tourisme devront leur proposer des voyages répondant aux centres d'intérêt de toute la famille : les grands-parents voudront connaître les coutumes du pays, les parents souhaiteront peut-être profiter d'un spa pour décompresser de leur travail et les enfants profiter d'infrastructures sportives et de loisirs. Mais malgré cela, ils devront pouvoir se retrouver dans un même lieu avec des moments tous ensemble. Aujourd'hui, cela peut exister dans certains clubs mais les seniors ne s'y retrouvent pas forcément. Il faut développer la notion d'authenticité du voyage proposé et des sites visités.
L'authenticité organisée ne risque-t-elle pas de tourner à l'écomusée artificiel ?
E.R : Oui, c'est vrai que l'authenticité est assez incompatible avec le tourisme de masse. Le challenge est de le permettre à d'autres publics que les jeunes qui voyagent en solo en acceptant de dormir à la dure et avec de petits budgets.
Vous soulignez l'importance de la clientèle célibataire. Faudra-t-il la traiter différemment ?
E.R : Nous aurons comme aujourd'hui de jeunes célibataires mais aussi des adultes divorcé(e)s et des veufs ou veuves bon pied bon œil. Nous devons être créatifs pour leur proposer des offres qui ne leur rappelleront pas à chaque instant qu'ils sont seuls en surtaxant les chambres individuelles... Il faut leur permettre de se joindre à des groupes de personnes ayant les mêmes centres d'intérêt qu'eux (ex : trek au Népal, tour du monde des villes où des coupes du monde foot ont eu lieu...) et pour tous les budgets. La nouveauté sera aussi d'introduire la diversité au sein d'une même offre : un trek certes mais qui se termine par un séjour de balnéo ou un stage de développement personnel. Il faut métisser l'offre touristique.
Il s'agit là des offres pour les publics aisés et ayant l'habitude de voyager. Quid des autres ?
E.R : Les Indiens et Chinois vont de plus en plus voyager. Ils sont 60 millions en Inde et 60 millions en Chine aujourd'hui, ils seront quatre fois plus nombreux d'ici 10 ans. Mais il va y avoir un décalage dans leurs attentes. Leurs exigences en termes de produits touristiques vont être celles d'un Européen des années 70 ou d'un japonais d'il y a 10 ans. Tant mieux pour le tourisme : il sera plus facile de remplir un bus pour Bodrum (site balnéaire de Turquie) avec des Russes qu'avec des Danois. Cela permettra peut-être de recycler une offre qui ne plaira plus aux Occidentaux.
Vous parlez également de la naissance du tourisme éthique ou solidaire ?
E.R : Cela existe déjà mais en 2020, ce ne seront plus des initiatives individuelles et isolées. Elles pourront être orchestrées par les Etats . Peut-être que le principe du pollueur-payeur s'appliquera là aussi. Si une personne fait 12000 kms en avion chaque année, il devra s'acquitter d'une taxe ou bien donner de son temps pour participer à la rénovation d'un site.
* Etude réalisée par Future Fondation pour le groupe Cendant, spécialiste du tourisme (Gallileo et Gulliver en France) intitulée "Le monde du voyage en 2020".
(1) Eric Robertet est responsable de Future Fondation pour la France.
(Source TF1)