Grippe porcine à Mexico: le journaliste démasqué

Par Jean-Pierre Kerten à Acapulco-Faut il aller à Mexico ? Je me posais la question vendredi 24 avril , veille de mon départ pour ....Mexico. À la télévision on recommandait aux voyageurs ne l'ayant pas encore fait, de se faire vacciner contre la grippe, même si il n'était pas certain que le vaccin eut le moindre effet pour contrer la mystérieuse grippe porcine qui , nous disait-on, sévissait à Mexico.

Bien que ma destination finale soit Acapulco, oú apparemment, il n'y a pas de problème, je savais qu'il y avait au moins 5 heures de transit à affronter à l'aéroport de Mexico. Le président du Mexique, Felipe Calderon avait ordonné la fermeture des écoles et des musées et l'annulation des grandes rencontres sportives. Question bien sûr d'éviter les grands rassemblements et de ralentir la propagation du virus qui, disait-on inquiétait au plus haut point l'Organisation Mondiale de la santé. ''5 heures et peut être plus à L'aéroport de Mexico...'', pensai-je , '' n'est-ce pas le point d''embarquement idéal pour un virus tueur qui ciblerait la planète? N'est-ce pas un formidable lieu de rassemblement, ou l'on est au coude à coude dans des files d'attentes, et des lieux exigus, ou l'on doit se parler , se faire tâter, et ou nos effets personnels sont fouillés, auscultés. Un grand centre de manutention de l'être humain, en quelque sorte... Du côté du ministère des afaires étrangères du Canada, pas le moindre avertissement ou conseil aux voyageurs relativement à la grippe porcine... Bref la question se pose : aller ou non à Mexico. L'heure tourne... Et puis il y aura le retour... Les autorités sanitaires canadiennes préviennent que toute personne rentrant du Mexique et ayant des symtômes de la grippe sera mise sous observation... j'ai du boulot , moi , en rentrant.

Y a un truc qui ne manque jamais avec moi... l'air climatisé me fait éternuer, m'occasionne des maux de gorge. Lorsque je rentre du sud j'ai souvent l'air de quelqu'un de grippé... j'essaie de me remémorer la technique d'interruption d'éternuement que j'utilise à l'occasion et qui réussit parfois. Serai-je à la hauteur devant le douanier canadien si cette petite plume vient me chatouiller le fond des narines au moment ou j'avoue au douanier que j'arrive Mexico ou j'ai passé la nuit. Et comme tout le monde sait, si la tentative d'évitement échoue, ce n'est plus d'un éternuement qu'on parle mais bien d'un coup de canon bien humide.

Tout cela pour dire, que, l'heure avançant, on a beau plaisanter mais on se demande sérieusement si on n'est pas en train de s'engouffrer consciemment dans une spirale destructrice. Et au nom de quoi ? Au nom du Tianguis, Turistico, cette grande foire commerciale qui se tient chaque année à pareille date à Acapulco. Un rendez-vous mythique qui se mérite. Qui se mérite aussi dans le sens oú le parcours pour s'y rendre et pour en revenir, est souvent semé d'embûches, beaucoup vous le diront... Mais là, nos amis Mexicains ont fait fort en faisant coĩncider l'évènement avec une éruption de la grippe porcine à Mexico oú transitent la plupart des délégués...!

Aller ou non au Tianguis...bien sûr la réponse, je la connais, j'irai Tianguis, à moins que... le MAECI ne sorte un avis officiel... quoique...Le réveil matin finit bien par sonner. Toujours rien du côté du MAECI, mais il y a une rumeur dans les fils de presse que la France va émettre un avis pour ses voyageurs... En route vers l'aéroport.

Suis-je en avance ? La file d'attente au comptoir de Mexicana est de ... zéro personne mais une journaliste et son caméraman font des sparages dans l'allée. Une fois enregistré je demande au sympathique préposé s'il peut m'assurer que des masques protecteurs nous attendront à l'arrivée à Mexico.

Un article mis en ligne par le Nouvel Observateur à 04h01 ce jour là indiquait en effet que:

''À l'aéroport de Mexico ainsi que dans les stations de bus ou de métro, des employés des services de santé distribuaient des masques et assuraient la surveillance, tentant de dissuader les passagers ayant l'air souffrant d'emprunter les transports en commun de l'immense capitale.''

Cette nouvelle m'avait réconforté et je voulais en avoir le coeur net. Le préposé ne pouvait répondre mais s'informerait auprès de son supérieur. Ce qui fut fait à la porte d'embarquement ou je fus heureux de constater qu'en fin de compte, si le vol ne serait pas rempli, il y aurait tout de même beaucoup de monde à bord: la compagnie ne mettrait pas de masques à la disposition des passagers me dit-on.

L'article parlait des autorités sanitaires donc, cela avait bien du sens.

Arrivé à l' aéroport de Mexico : pas de masques protecteurs.

Quelques employés et passagers en portent mais la majorité n'en portent pas. Pire: personne ne propose de masques à qui que ce soit . Les agents de l'immigrations les portent mais ne peuvent dire oú l'on peut en trouver. Une visite à la pharmacie : ''nous en avions 300 ce matin mais il n'y en a plus''. Je demande à une douzaine d'agents de sécurité : rien. Je me rends à la salle des arrivées un pharmacien me dit qu'il en attend. 1h30 après mon arrivée, je mets finalement la main sur des masques, j'en prends 4 et paie les 20 pesos demandés.

Clairement je semble être le seul à courir comme un fou pour trouver un masque et l'indifférence générale que je rencontre autant chez les voyageurs que chez les employés de l'aéroport a sur moi un effet plutôt rassurant. Je me dis que je m'en fais pour rien ou alors que je suis trop bien informé.....

Pendant ce temps, le système audio de l'aéroport débite aux 5 minutes un message invitant les passagers qui présentent des symptomes de la grippe á s'identifier. Parallalèlement un petit questionnaire reprenant le message audio est distribué timidement par des agents de sécurité.

Dans l'avion entre Mexico et Acapulco, moins de 1 personne sur 10 portait un masque.

Un conseil : Vous passez par Mexico? apportez votre masque !

à suivre...