A Paris, le Salon mondial du tourisme se fait l'écho d'une nouvelle tendance qui serait en train de révolutionner le monde du voyage : Le tourisme éthique.
Touristes de tous les pays, unissez-vous. L'ère du "Sea, Sex and Sun" est révolue. Place au tourisme responsable, soucieux de l'environnement (écotourisme), des relations avec les autochtones, voire promoteur de développement auquel le voyagiste consacre une partie de ses bénéfices (tourisme solidaire). C'est l'un des grands thèmes cette année du Salon mondial du tourisme, qui se tient jusqu'à dimanche à Paris. La demande existe : comme le montre une étude commanditée par le ministère des Affaires étrangères et réalisée par l'Union nationale des associations de tourisme (Unat), 32,5% des personnes interrogées ont déjà entendu parler du tourisme solidaire. 66%, après explication du concept, se disent intéressées ; mais parmi ceux qui connaissent déjà, 50% n'ont jamais franchi le pas... évoquant notamment le manque d'information.
De nombreux facteurs expliquent cet engouement. Partir à l'autre bout du monde n'est plus exceptionnel et les voyageurs veulent de l'inédit. Sortir des sentiers battus ne tente plus seulement les aventuriers dans l'âme. Mais les touristes sont aussi plus sensibles aux enjeux des pays qu'ils visitent et veulent de moins en moins passer leurs vacances dans un paysage de rêve, coupés de la réalité. "Le voyageur d'aujourd'hui est avant tout citoyen, analyse Jean-Pierre Mas, président d'Afat Voyages. Et il est beaucoup plus conscient de cette citoyenneté qu'il y a dix ans. Il est attentif à son environnement et capable de réagir. Il pourra dénoncer aussi bien des cas de prostitution d'enfants dans l'hôtel où il se trouve, que l'utilisation des ressources en eau pour irriguer un golf alors même que le village voisin souffre de pénurie... Or, comme beaucoup de touristes se renseignent sur internet avant de partir, de telles critiques postées sur un forum de discussion peuvent avoir un impact terrible".
Les grands voyagistes s'y mettent
Les spécialistes des "voyages d'aventure" ou de "l'écotourisme", pionniers en la matière, profitent de cette tendance. L'association Agir pour un tourisme responsable (ATR) regroupe ainsi une dizaine de tour-opérateurs spécialisés, dont la clientèle, évaluée à 100.000 voyageurs par an, est en augmentation. "Les préoccupations éthiques étaient présentes chez nous et chez nos clients dès l'origine, explique Yves Godeau, Pdg de Club Aventure, membre fondateur d'ATR. Mais elles étaient moins exprimées qu'aujourd'hui. Désormais, c'est une prise de conscience générale. Cette attitude a été formalisée dans une "Charte éthique du voyageur", en attendant la mise en place d'un label qui sera décerné par un organisme indépendant. Au-delà de ces pionniers, des voyagistes spécialisés investissent ce créneau, comme Terres & Rivages depuis l'an dernier, qui associe ses voyages à des opérations humanitaires. Son président, Thierry Roynel, s'y engage : "nous indiquons quels sont les projets que nous soutenons, et c'est l'usager qui choisit laquelle de nos quatre actions il préfère".
Les grands voyagistes s'y mettent aussi. Ils nouent des partenariats avec des associations humanitaires, voire financent leurs propres projets. Kuoni s'est associé à SOS Villages d'enfants, Nouvelles Frontières à Reconstruire et Vivre ; Jet Tours et Voyageurs du Monde financent des écoles, Marsans des orphelinats. "Ils ont de plus en plus tendance à accaparer les valeurs et les comportements du tourisme solidaire, reconnaît Jean-Pierre Mas. A l'opposé, le village de vacances coupé de la population - le 'village-ghetto' - est un produit qui souffre." Afat Voyages organise aussi des séjours à Sao Tomé, au large du Gabon, au cours desquels sont livrés des lits d'hôpitaux, des ordinateurs pour les écoles. "Mais nous évitons d'axer notre communication là-dessus, ce qui serait mal vu par nos clients : on ne peut pas prétendre vendre de la générosité".
"L'effet Tsunami"
Gare enfin aux bons sentiments mal utilisés ! L'Asie du Sud-Est en pâtit terriblement cette saison, victime de "l'effet Tsunami". Beaucoup de voyageurs qui comptaient s'y rendre ont décidé de changer de destination, choqués par les images, diffusées quelques jours après la catastrophe, de touristes bronzant sur des plages tout justes nettoyées. "La fréquentation au Sri-Lanka ou aux Maldives est tombée à 20% d'une année normale, reconnaît Jean-Pierre Mas. En Thaïlande, c'est un peu mieux, la baisse n'est que de 50%. Cela représente 50 millions d'euros de perte pour l'industrie française du tourisme, mais c'est surtout grave pour les pays concernés". Ce que confirme Yves Godeau : "beaucoup de nos clients ont eu une réaction de pudeur vis-à-vis de l'Asie du Sud-Est, qui ne contribue pas à aider ces pays. Et quand certains me disent : je ne veux pas jouer les voyeurs, je réponds : en refusant de revenir en Asie, n'est-ce pas votre bonne conscience, et votre confort personnel que vous préservez ?
(source TF1)
Touristes de tous les pays, unissez-vous. L'ère du "Sea, Sex and Sun" est révolue. Place au tourisme responsable, soucieux de l'environnement (écotourisme), des relations avec les autochtones, voire promoteur de développement auquel le voyagiste consacre une partie de ses bénéfices (tourisme solidaire). C'est l'un des grands thèmes cette année du Salon mondial du tourisme, qui se tient jusqu'à dimanche à Paris. La demande existe : comme le montre une étude commanditée par le ministère des Affaires étrangères et réalisée par l'Union nationale des associations de tourisme (Unat), 32,5% des personnes interrogées ont déjà entendu parler du tourisme solidaire. 66%, après explication du concept, se disent intéressées ; mais parmi ceux qui connaissent déjà, 50% n'ont jamais franchi le pas... évoquant notamment le manque d'information.
De nombreux facteurs expliquent cet engouement. Partir à l'autre bout du monde n'est plus exceptionnel et les voyageurs veulent de l'inédit. Sortir des sentiers battus ne tente plus seulement les aventuriers dans l'âme. Mais les touristes sont aussi plus sensibles aux enjeux des pays qu'ils visitent et veulent de moins en moins passer leurs vacances dans un paysage de rêve, coupés de la réalité. "Le voyageur d'aujourd'hui est avant tout citoyen, analyse Jean-Pierre Mas, président d'Afat Voyages. Et il est beaucoup plus conscient de cette citoyenneté qu'il y a dix ans. Il est attentif à son environnement et capable de réagir. Il pourra dénoncer aussi bien des cas de prostitution d'enfants dans l'hôtel où il se trouve, que l'utilisation des ressources en eau pour irriguer un golf alors même que le village voisin souffre de pénurie... Or, comme beaucoup de touristes se renseignent sur internet avant de partir, de telles critiques postées sur un forum de discussion peuvent avoir un impact terrible".
Les grands voyagistes s'y mettent
Les spécialistes des "voyages d'aventure" ou de "l'écotourisme", pionniers en la matière, profitent de cette tendance. L'association Agir pour un tourisme responsable (ATR) regroupe ainsi une dizaine de tour-opérateurs spécialisés, dont la clientèle, évaluée à 100.000 voyageurs par an, est en augmentation. "Les préoccupations éthiques étaient présentes chez nous et chez nos clients dès l'origine, explique Yves Godeau, Pdg de Club Aventure, membre fondateur d'ATR. Mais elles étaient moins exprimées qu'aujourd'hui. Désormais, c'est une prise de conscience générale. Cette attitude a été formalisée dans une "Charte éthique du voyageur", en attendant la mise en place d'un label qui sera décerné par un organisme indépendant. Au-delà de ces pionniers, des voyagistes spécialisés investissent ce créneau, comme Terres & Rivages depuis l'an dernier, qui associe ses voyages à des opérations humanitaires. Son président, Thierry Roynel, s'y engage : "nous indiquons quels sont les projets que nous soutenons, et c'est l'usager qui choisit laquelle de nos quatre actions il préfère".
Les grands voyagistes s'y mettent aussi. Ils nouent des partenariats avec des associations humanitaires, voire financent leurs propres projets. Kuoni s'est associé à SOS Villages d'enfants, Nouvelles Frontières à Reconstruire et Vivre ; Jet Tours et Voyageurs du Monde financent des écoles, Marsans des orphelinats. "Ils ont de plus en plus tendance à accaparer les valeurs et les comportements du tourisme solidaire, reconnaît Jean-Pierre Mas. A l'opposé, le village de vacances coupé de la population - le 'village-ghetto' - est un produit qui souffre." Afat Voyages organise aussi des séjours à Sao Tomé, au large du Gabon, au cours desquels sont livrés des lits d'hôpitaux, des ordinateurs pour les écoles. "Mais nous évitons d'axer notre communication là-dessus, ce qui serait mal vu par nos clients : on ne peut pas prétendre vendre de la générosité".
"L'effet Tsunami"
Gare enfin aux bons sentiments mal utilisés ! L'Asie du Sud-Est en pâtit terriblement cette saison, victime de "l'effet Tsunami". Beaucoup de voyageurs qui comptaient s'y rendre ont décidé de changer de destination, choqués par les images, diffusées quelques jours après la catastrophe, de touristes bronzant sur des plages tout justes nettoyées. "La fréquentation au Sri-Lanka ou aux Maldives est tombée à 20% d'une année normale, reconnaît Jean-Pierre Mas. En Thaïlande, c'est un peu mieux, la baisse n'est que de 50%. Cela représente 50 millions d'euros de perte pour l'industrie française du tourisme, mais c'est surtout grave pour les pays concernés". Ce que confirme Yves Godeau : "beaucoup de nos clients ont eu une réaction de pudeur vis-à-vis de l'Asie du Sud-Est, qui ne contribue pas à aider ces pays. Et quand certains me disent : je ne veux pas jouer les voyeurs, je réponds : en refusant de revenir en Asie, n'est-ce pas votre bonne conscience, et votre confort personnel que vous préservez ?
(source TF1)