La Colombie, saveur café ! (reportage)

Par Nathalie De Grandmont ----- On le sait, la Colombie est notamment connue pour son café : généralement très doux, suave et considéré comme l’un des meilleurs au monde. Lors d’un récent voyage de familiarisation organisé par le voyagiste Canandes, nous avons eu la chance de découvrir le terroir de ces précieuses fèves et la route agrotouristique que les Colombiens sont en train de mettre sur pied pour nous inciter à venir rencontrer ceux à qui l’ on doit notre café matinal…

La Route du café

Selon notre guide, près de 540 000 familles Colombiennes vivent de la production du café, produit dans seize départements à travers le pays. Trois de ces départements (Quindio, Calda et Risaralda) forment ce qu’on appelle le « Triangle du café », qui produit à lui seul environ 40% de la production nationale. Pour s’y rendre, il faut bien sûr quitter les plages de la côte et mettre le cap vers Pereira ou Armenia, les principales agglomérations de cette région, accessibles par de courts vols intérieurs proposés par la compagnie Avianca.

Il y a une dizaine d’années, cette région a commencé à mettre en place la « Route du café » : un produit agrotouristique qui regroupe aujourd’hui des haciendas, des attraits touristiques et même un immense parc thématique, une sorte de Disney World du café… Selon plusieurs intervenants interrogés, cette Route du café commence à attirer des visiteurs étrangers, mais depuis cinq ans surtout. Plusieurs personnes, telles que Teresita Sabogal, propriétaire de l’hacienda Combia, nous ont affirmé que le climat a beaucoup changé dans le pays depuis l’arrivée du nouveau président Alvaro Uribe (élu en 2002). « Les routes - et le pays en général - sont devenus beaucoup plus sécuritaires; commente madame Sabogal. « Les Colombiens eux-mêmes ont grandement repris confiance; l’heure est aux changements et à l’optimisme; ce qui permet le développement de meilleurs produits touristiques. » Pour le moment, on sent bien que le produit est encore en plein développement. Néanmoins, la Route du café propose déjà une trentaine d’ « Haciendas du café », et cela, seulement dans le département du Quindio.

Dans la plupart des cas, il s’ agit d’anciennes fermes familiales que les propriétaires ont transformé en petits hôtels (de 10 à 20 chambres); tout en continuant d’exploiter leurs champs de café, bien sûr! Résultat : les visiteurs se retrouvent au cœur de l’action; en contact avec la nature, les collines de café qui s’ étendent à l’ infini et tous les artisans qui travaillent aux différentes étapes. A l’Hacienda Girasoles, par exemple, on se réveille au chant du coq et des nombreux oiseaux qui peuplent les collines tout autour. Puis, peu après, on entend les équipes de cueilleurs qui arrivent dans les champs. La forme de la montagne (en amphithéâtre) nous renvoie l’écho des bruits secs et saccadés des grains, que les cueilleurs lancent au fond de leurs chaudières. Le charme de cet endroit provient donc de cette ambiance campagnarde et de l’accueil très familial; le niveau d’hébergement demeurant quant à lui assez simple (des chambres propres mais petites et munies du minimum).

D’autres, comme l’Hacienda Combia, sont un peu plus luxueuses; notamment parce qu’on y retrouve une abondance de fleurs, des antiquités qui décorent toutes les aires communes et une piscine très invitante, avec vue sur les montagnes. La maison initiale a 125 ans, mais a été transformée en hôtel il y a 15 ans. Aujourd’hui, cette hacienda compte 28 chambres et propose généralement à ses hôtes des formules incluant les repas. Cette hacienda produit elle aussi son propre café; la cuisinière servant le midi de copieux repas paysans aux visiteurs et à l’équipe de cueilleurs.

Du jardin botanique au parc d’attractions

La Route du café ne comprend pas que des haciendas. Les visiteurs peuvent aussi prendre le pouls de la vie locale et goûter une foule d’autres fruits et légumes issus de la région en s’attardant au marché de Calarca, par exemple. Ou en arpentant les rues et les places d’Armenia, la capitale du département du Quindio. Près de Montenegro, le café a aussi servi de prétexte (et d’ inspiration) pour la création du Parc national du café : un vaste parc d’ attractions où l’ on propose des manèges, spectacles folkloriques, téléphérique, petit train, etc. Un endroit presque à l’ américaine… mais qui peut plaire à certaines clientèles. Pour apprécier la flore locale, il y a aussi le Jardin Botanique du Quindio. Très vaste également mais beaucoup plus « authentique », il regroupe de nombreux sentiers, un observatoire d’oiseaux et une volière à papillons.

Un autre site surnommé Recuca (pour Recorrido de la cultura cafetera) permet aux visiteurs d’assister à toutes les étapes de la production du café : de la collecte des grains jusqu’ à la torréfaction.

Lors de notre visite, nous avons pu y rencontrer des cueilleurs de café et les suivre pendant un bon moment. Premier constat : incroyable la rapidité avec laquelle ils ramassent les précieux grains rouges! Les meilleurs collecteurs, nous a-t-on dit, peuvent ramasser jusqu’ à 150 kilos par jour.

Ce jour-là, à la pesée, le champion du groupe en avait ramassé 98 kilos. Comme le cours du café se situait à 350 pesos par kilo; il aura donc touché environ 35000 pesos pour sa journée; soit l’équivalent de 17$ US pour dix heures de labeur, passées dans la sueur, les moustiques et l’abondante végétation qui égratigne sans arrêt... De quoi avoir une bonne pensée pour eux en prenant votre prochain café!

En quittant les champs, les guides de RECUCA nous montrent ensuite le processus de séchage des grains, les méthodes traditionnelles qu’on utilisait autrefois pour les moudre, la torréfaction et même l’étiquette liée à la dégustation du café.

La vallée des palmiers géants

La ville d’Armenia sert aussi de point de départ pour la découverte de l’ étonnante Vallée del Cocora. Dans toute la région du café, cette excursion est probablement l’une des plus spectaculaires. La Vallée del Cocora se situe entre 1800 et 2400 mètres d’altitude. La route qui y mène serpente sur des petits chemins de terre, enserrés par de hauts sommets, des petits ruisseaux, des pâturages perchés à flanc de collines. Au début de la vallée, on se croirait presque en Suisse, mais soudain, voilà qu’ on aperçoit des flancs complètement couverts de palmiers de cire (wax palms); l’ arbre national de la Colombie et le plus géant des palmiers, qui peut atteindre jusqu’ à 70 mètres de hauteur.

Au milieu de cette vallée se trouvent aussi quelques haciendas et le ranch Bosques de Cocora qui propose des services de restauration, bien sûr, plus des excursions équestres et pédestres. Non loin de là, le petit village de Salento offre l’ une des meilleures vues d’ ensemble sur la vallée (de son belvédère); en plus d’ être parmi les plus charmants de la région. Un petit chapelet de maisons avec leurs toits de tuile, des boutiques d’ artisanat, une ambiance très bon enfant, l’ air et le rythme d’ un petit village qui a la tête dans les montagnes…

Bien qu’ elle ne soit pas très connue encore, la Région du café offre donc une façon différente de découvrir la Colombie : notamment pour ceux qui aiment le tourisme agricole, la nature et ceux qui souhaitent rencontrer davantage la population locale. Canandes propose dans son programme un circuit guidé de quelques jours autour d’ Armenia; qui peut certainement être prolongé pour qui souhaiterait aussi découvrir la Vallée del Cocora. Nous l’avons-nous-mêmes constaté : les routes ont été améliorées et la présence policière y est omniprésente. Aux dires des nombreuses personnes interrogées, les Colombiens eux-mêmes redécouvrent leur propre pays, avec bonheur.

Les hôteliers semblent bien encouragés car selon plusieurs d’ entre eux, le gouvernement déploie en ce moment un niveau d’énergie inégalé pour changer l’image du pays. Patricia Perez Aguilar, de Canandes, est aussi du même avis, avouant avoir perçu récemment une bien meilleure ouverture et collaboration, de la part des autorités colombiennes. Etant eux-mêmes originaires de Colombie, Patricia et Camilo Aguilar (de Canandes) sont de fervents connaisseurs de ce pays, mais savent aussi communiquer leur enthousiame ainsi que les recommendations et bons conseils, lorsque nécessaire.

Deux laits un sucre ?

Paradoxalement, toutes ces haciendas servent un café… décevant. En tout cas, très faible; ce qui est la façon préconisée par les Colombiens, qui y ajoutent souvent plusieurs laits et sucres. Plus comique encore, plusieurs vous avoueront volontiers qu’ ils n’ en boient pas du tout, préférant de loin la bière ou l’ aguardiente! Au site de RECUCA, nous avons aussi appris que TOUT le café de première qualité est destiné à l’exportation; seul celui de seconde qualité étant conservé en Colombie pour la consommation locale.

Un reportage de Nathalie De Grandmont