La Palestine mise actuellement beaucoup sur le développement du tourisme d’aventure.
Texte et phots Yves Ouellet ---- En tant que tours opérateurs, songeriez-vous à suggérer la Palestine comme destination à des amateurs de plein air et d’aventure à la recherche d’une destination originale ? Peut-être devriez-vous considérer, ou reconsidérer cette question ?
Le sentier de longue randonnée Masar Ibrahim al-Khali s’étire sur 330 kilomètres.
Mentionnons d’abord que la Palestine, plus précisément la Cisjordanie, reçoit déjà environ 3 millions de touristes annuellement en Terre Sainte. Cela sans qu’on entende parler d’incidents de quelque nature. Toutefois, ce marché est très largement dominé et exploité sans partage par Israël. Les Palestiniens ne récoltent que les miettes de ces activités qui, non seulement, évitent sciemment les membres palestiniens des industries hôtelière et de la restauration mais, de plus, négligent de nombreux sites d’intérêt majeur en Terre-Sainte parce qu’ils se trouvent en territoire palestinien, comme à Jérico, Hébron, Jenine, Naplouse et Ramallah. Par exemple, le journal français La Croix rapportait en 2015 que : « Le monopole d’Israël sur le tourisme en Terre Sainte n’est en effet un secret pour personne, alors que quelque trois millions de pèlerins s’y rendent chaque année : environ 6 000 guides israéliens les accompagnent, contre seulement 300 Palestiniens. »
La plupart des pèlerins se rendent à Bethléem pour visiter la basilique de la Nativité sans même y passer une seule nuit et, souvent, sans réaliser qu’ils se trouvent en terre palestinienne !
Tourisme et politique
Tourisme et politique se fondent irrémédiablement en Palestine. Le tour-opérateur Hubert Debbash, qui développe des circuits palestiniens, déclarait dans La Croix : « Beaucoup de pèlerins craignent pour leur sécurité et préféreraient qu’on les laisse tranquilles avec ce conflit. Une fois le séjour terminé, ils reconnaissent néanmoins que la dimension plus politique aurait manqué à leur pèlerinage. »
Dafer Kassis, de l’organisme ATG (Groupe de tourisme alternatif) définissait ainsi les voyageurs qui tiennent à établir le contact avec la population palestinienne : « Ces pèlerins alternatifs ne sont pas nécessairement des militants de la cause palestinienne. Ce sont simplement des gens prêts à dépasser leur appréhension d’un pays qui fait peur. Mais la Palestine que nous leur proposons n’est pas celle qu’ils voient à la télévision. »
Tourisme d’aventure
Outre la reconquête du marché touristique sur son territoire et le développement de produits par des tour-opérateurs locaux, la Palestine mise actuellement beaucoup sur le développement du tourisme d’aventure. Plus particulièrement sur le sentier de longue randonnée Masar Ibrahim al-Khali qui s’étire sur 330 kilomètres en sillonnant désert et canyons, lits de rivières asséchées et chemins bucoliques, tout en traversant 50 villes et villages. J’ai trouvé que les segments de sentiers sur lesquels j’ai marché étaient fort bien balisés (à la manière des sentiers européens) avec des bandes de couleurs (blanc et rouge) peintes sur les pierres, les arbres et partout où on peut les repérer.
La plupart des pèlerins se rendent à Bethléem pour visiter la basilique de la Nativité sans même y passer une seule nuit et, souvent, sans réaliser qu’ils se trouvent en terre palestinienne !
Tourisme et politique
Tourisme et politique se fondent irrémédiablement en Palestine. Le tour-opérateur Hubert Debbash, qui développe des circuits palestiniens, déclarait dans La Croix : « Beaucoup de pèlerins craignent pour leur sécurité et préféreraient qu’on les laisse tranquilles avec ce conflit. Une fois le séjour terminé, ils reconnaissent néanmoins que la dimension plus politique aurait manqué à leur pèlerinage. »
Dafer Kassis, de l’organisme ATG (Groupe de tourisme alternatif) définissait ainsi les voyageurs qui tiennent à établir le contact avec la population palestinienne : « Ces pèlerins alternatifs ne sont pas nécessairement des militants de la cause palestinienne. Ce sont simplement des gens prêts à dépasser leur appréhension d’un pays qui fait peur. Mais la Palestine que nous leur proposons n’est pas celle qu’ils voient à la télévision. »
Tourisme d’aventure
Outre la reconquête du marché touristique sur son territoire et le développement de produits par des tour-opérateurs locaux, la Palestine mise actuellement beaucoup sur le développement du tourisme d’aventure. Plus particulièrement sur le sentier de longue randonnée Masar Ibrahim al-Khali qui s’étire sur 330 kilomètres en sillonnant désert et canyons, lits de rivières asséchées et chemins bucoliques, tout en traversant 50 villes et villages. J’ai trouvé que les segments de sentiers sur lesquels j’ai marché étaient fort bien balisés (à la manière des sentiers européens) avec des bandes de couleurs (blanc et rouge) peintes sur les pierres, les arbres et partout où on peut les repérer.
Un des 3 guest houses de Sébastia.
Les sections que nous avons arpentées se situent entre la charmante petite communauté de Sébastia, au nord, jusqu’à Bethléem, en passant par Naplouse, Ramallah, Jéricho et la communauté bédouine de Sea Level. Classé « meilleur nouveau sentier » par le National Geographic dès le départ, en 2013, il offre d’intéressants défis, surtout sur les magnifiques flancs escarpés des vallées (wadi). Le niveau de difficulté demeure moyen et on peut affirmer que le circuit est accessible à tous les marcheurs le moindrement expérimentés. Nous y avons aussi admiré des richesses archéologiques extraordinaires, en commençant par Sébastia qui est bâtie sur des mètres et des mètres de vestiges antiques qui remontent avant l’ère chrétienne puis à l’époque romaine, aux Croisés et aux Ottomans. On y trouve même le tombeau de Saint-Jean-Baptiste ! L’étape dans cette petite ville s’avère incontournable, d’autant que l’endroit compte trois auberges des plus accueillantes ainsi qu’un excellent restaurant, le Holy Land Sun Restaurant, propriété de l’énergique homme d’affaire palestinien Hafez Kayed.
Une famille bédouine de Sea Level accueille des touristes sous la tente.
L’hébergement en Palestine s’avère de qualité étonnante. On y loge dans des hôtels d’excellent standard, dont le Taybeh Hotel et le Manger Square Hotel ou dans des gîtes et auberges aménagés avec goût, propres et confortables. L’hébergement dans les communautés bédouines se fait sous de grandes tentes, dans des dortoirs dont le niveau de confort varie mais demeure toujours satisfaisant.
Le Taybeh Hotel est propriété de la famille Khoury qui exploite la première et seule microbrasserie de Palestine (Taybeh Beer), un vignoble et une oliveraie.
Le Taybeh Hotel est propriété de la famille Khoury qui, comme nous l’a expliqué la co-fondatrice Maria C. Khoury, exploite la première et seule microbrasserie de Palestine (Taybeh Beer) ainsi qu’un vignoble dont les installations de transformation se trouvent dans l’hôtel et une oliveraie qui produit une excellente huile.
Les Palestiniens associent également la communauté Bédouine à leurs projets. Les marcheurs peuvent ainsi séjourner dans plusieurs de leurs campements, partager des repas traditionnels gargantuesques, coucher sous les grandes tentes, parcourir le désert dans leurs 4 X 4, s’imprégner de la culture nomade et en apprendre sur ce peuple singulier et recevant qui a le désert comme pays et la liberté comme leitmotiv.
Les Palestiniens associent également la communauté Bédouine à leurs projets. Les marcheurs peuvent ainsi séjourner dans plusieurs de leurs campements, partager des repas traditionnels gargantuesques, coucher sous les grandes tentes, parcourir le désert dans leurs 4 X 4, s’imprégner de la culture nomade et en apprendre sur ce peuple singulier et recevant qui a le désert comme pays et la liberté comme leitmotiv.
La cuisine palestinienne est irrésistible par ses saveurs, ses couleurs et sa diversité.
Vision gouvernementale
En fin de parcours, J’ai mon voyage a rencontré le responsable du département de marketing du Ministère du Tourisme et des Antiquités de l’État de Palestine, Majeq Ishaq, ainsi George S. Rishmawi, directeur exécutif de Masar Ibrahim al-Khalil.
Conscient de l’importance de rassurer les voyageurs, Monsieur Rishmawi insiste d’abord sur l’existence d’une police touristique palestinienne dont la seule mission est de protéger les touristes et d’améliorer leur expérience. Il évoque ensuite le fait encourageant que la fréquentation touristique s’est accrue de 25 % en 2018, par rapport à 2017, faisant de la présente année la meilleure depuis 25 ans.
En fin de parcours, J’ai mon voyage a rencontré le responsable du département de marketing du Ministère du Tourisme et des Antiquités de l’État de Palestine, Majeq Ishaq, ainsi George S. Rishmawi, directeur exécutif de Masar Ibrahim al-Khalil.
Conscient de l’importance de rassurer les voyageurs, Monsieur Rishmawi insiste d’abord sur l’existence d’une police touristique palestinienne dont la seule mission est de protéger les touristes et d’améliorer leur expérience. Il évoque ensuite le fait encourageant que la fréquentation touristique s’est accrue de 25 % en 2018, par rapport à 2017, faisant de la présente année la meilleure depuis 25 ans.
George S. Rishmawi, directeur exécutif de Masar Ibrahim al-Kh.
« Cela nous incite à œuvrer pour ouvrir de nouveaux marchés. Déjà nous obtenons des résultats probants avec la Malaisie et l’Indonésie. Avec la collaboration du secteur privé, nous nous concentrons également sur le développement du tourisme d’aventure. La Palestine mise sur sa grande diversité et le tourisme d’aventure permet l’exploration des merveilles de notre environnement naturel ainsi que la révélation de l’importante diversité culturelle qui compose notre société avec ses communautés chrétiennes, bédouines, musulmanes de différentes origines ainsi que ses milieux de vie ruraux et urbains. La cuisine palestinienne, issue de nombreuses traditions ancestrales, demeure une composante essentielle du produit touristique. C’est une cuisine méditerranéenne santé, variée et savoureuse. Mais, le tourisme d’aventure est avant tout l’expérience de l’hospitalité palestinienne. »
D’ailleurs, à ce sujet, je ne peux qu’évoquer le moment ou, visitant Jéricho à vélo, les travailleurs de la construction, marchands et automobilistes n’avaient de cesse de nous souhaiter la bienvenue.
D’ailleurs, à ce sujet, je ne peux qu’évoquer le moment ou, visitant Jéricho à vélo, les travailleurs de la construction, marchands et automobilistes n’avaient de cesse de nous souhaiter la bienvenue.
Majeq Ishaq, responsable du département de marketing du Ministère du Tourisme et des Antiquités de l’État de Palestine.
Monsieur Ishaq souligne en conclusion l’importance économique du tourisme d’aventure qui possède cet indéniable avantage d’impliquer tous les paliers de la société et de laisser des retombées dans les milieux ruraux et populaires pour qui cette nouvelle ressource s’avère vitale.
George S. Rishmawi évoque quant à lui cette évidence qui veut qu’un voyage en Palestine ne puisse pas se soustraire à la dure réalité politique vécue par les Palestiniens. « Toutefois, je tiens à ce que l’on sache qu’un séjour en Palestine n’est pas une séance de lavage de cerveau. Nous ne cherchons en rien à convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Nous n’abordons surtout pas les touristes avec un discours partisan parce que la dernière chose que nous souhaitons, c’est de les effrayer. Certes, tous les Palestiniens et les Bédouins répondront aux questions qui leurs sont posées sur leurs conditions de vie, leur histoire et leurs espoirs. Mais ils ne prendront jamais les devants afin de respecter la qualité de l’expérience de leurs visiteurs. »
Nous avons d’ailleurs pu constater que, malgré la grande curiosité de la majorité des touristes qui privilégient la formule aventure, jamais les hôtes et guides palestiniens ne prennent les devants pour parler politique. Jamais ils ne sollicitent ni compassion, ni soutien et, encore moins, la pitié. Mais ils ne reculent pas non plus devant la discussion et l’on constate souvent des positions infiniment plus modérées, pacifistes et consensuelles que ce que nous laissent entendre les actualités des médias.
L’expérience culturelle et plein air en Palestine est encadrée par un organisme on ne peut plus professionnel, Masar Ibrahim al Khali qui propose la collaboration avec des tour-opérateurs locaux qui montent des forfaits sur mesure pour chacun, recrutent des guides expérimentés, organise l’hébergement ainsi que l’entrée en territoire israélien, ce qui constitue probablement la question la plus délicate. Tout partenariat avec des entreprises étrangères est plus que bienvenu. Vous pouvez consulter les pages Web et Facebook aux adresses suivantes :
www.masaribrahim.ps
www.facebook.com/masaribrahim
George S. Rishmawi évoque quant à lui cette évidence qui veut qu’un voyage en Palestine ne puisse pas se soustraire à la dure réalité politique vécue par les Palestiniens. « Toutefois, je tiens à ce que l’on sache qu’un séjour en Palestine n’est pas une séance de lavage de cerveau. Nous ne cherchons en rien à convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Nous n’abordons surtout pas les touristes avec un discours partisan parce que la dernière chose que nous souhaitons, c’est de les effrayer. Certes, tous les Palestiniens et les Bédouins répondront aux questions qui leurs sont posées sur leurs conditions de vie, leur histoire et leurs espoirs. Mais ils ne prendront jamais les devants afin de respecter la qualité de l’expérience de leurs visiteurs. »
Nous avons d’ailleurs pu constater que, malgré la grande curiosité de la majorité des touristes qui privilégient la formule aventure, jamais les hôtes et guides palestiniens ne prennent les devants pour parler politique. Jamais ils ne sollicitent ni compassion, ni soutien et, encore moins, la pitié. Mais ils ne reculent pas non plus devant la discussion et l’on constate souvent des positions infiniment plus modérées, pacifistes et consensuelles que ce que nous laissent entendre les actualités des médias.
L’expérience culturelle et plein air en Palestine est encadrée par un organisme on ne peut plus professionnel, Masar Ibrahim al Khali qui propose la collaboration avec des tour-opérateurs locaux qui montent des forfaits sur mesure pour chacun, recrutent des guides expérimentés, organise l’hébergement ainsi que l’entrée en territoire israélien, ce qui constitue probablement la question la plus délicate. Tout partenariat avec des entreprises étrangères est plus que bienvenu. Vous pouvez consulter les pages Web et Facebook aux adresses suivantes :
www.masaribrahim.ps
www.facebook.com/masaribrahim
Les Bédouins conduisent les marcheurs aux abords de la Mer Morte pour le lever de soleil.