Revivre la conquête de l'ouest: à bord du Rocky Mountaineer

Par Nathalie De Grandmont

Le tourisme dans l’Ouest canadien est né avec l’arrivée du chemin de fer et encore aujourd’hui, nombreux sont ceux qui rêvent de parcourir cette partie du pays en train... Certes, ce rêve a un prix mais il demeure tout de même réalisable, notamment à bord du train panoramique Le Rocky Mountaineer, qui célèbre cette année son vingtième anniversaire. Ayant vraiment pris son rythme de croisière, la compagnie offre maintenant quatre itinéraires (d' un ou 2 jours) et collectionne prix et honneurs. A titre d' exemple, plusieurs magazines américains (dont le National Geographic) classent cette expérience parmi les plus excitantes au Canada; certains allant même jusqu' à lui faire une place sur leur palmarès des '' 10 incontournables à voir avant de mourir" ! Après l'avoir vécu moi-même, je peux dire qu' ils n' ont pas complètement tort...

Une organisation bien huilée...

Depuis 2006, Le Rocky Mountaineer propose quatre itinéraires, dont un circuit de quelques heures - " Sea to Sky" qui relie Vancouver à la station touristique de Whistler. Il s' agit du seul circuit d' un jour qui n' inclue pas d'hébergement et dont les horaires fréquents permettent aux clients d' espacer la date de l'aller et du retour pour aller passer un week-end à Whistler, par exemple. Les trois autres itinéraires se font sur 2 jours et incluent tous une nuitée d'hébergement en mi-parcours (un choix d'hôtels est proposé). Il s' agit de: " Journey through the Clouds" (Vancouver à Jasper), " Rainforest to Gold Rush" (Whistler à Jasper) et finalement, leur itinéraire le plus connu que j'ai eu la chance d' expérimenter la semaine dernière en compagnie de quelques médias québécois: " First passage to the West", qui relie Calgary à Vancouver.

Le premier jour, les passagers ont le choix de débuter leur trajet à Calgary ou à Banff (environ une heure plus tard). Mais à partir de là, plus de variantes possibles, sauf pour le choix des hôtels. Cette première journée se termine vers 19h à Kamloops, dans le sud de la Colombie Britannique, où la majorité des passagers sont ensuite conduits à l' hôtel Thomson, qui appartient à Rocky Mountaineer. Le deuxième jour, le train repart de Kamloops (vers 9h) et arrive à Vancouver, en fin de journée. Bien que la nature demeure la véritable vedette de ce trajet, il faut dire que le niveau de service et l' efficacité des transferts figurent définitivement parmi leurs forces. Les transferts vers les gares sont rapides et très bien coordonnés. De plus, les passagers n' ont pas à manipuler leurs bagages. Ils les laissent à leur chambre le matin et les retrouvent à la suivante, le soir venu (les bagages ne voyagent pas à bord du train).

Les deux déjeuners et dîners sont servis à bord et compris dans tous les forfaits. Le train se divise en deux sections: Redleaf (repas froids, servis aux sièges) et Goldleaf. Dans cette section, tous les wagons comptent deux étages et un dôme panoramique: avec les sièges en haut (sous ce dôme) et une salle à manger en bas, qui dispose de banquettes pour quatre et pour deux.

Pour chaque repas, le menu propose trois à quatre choix de plats chauds, qui mettent en vedette le saumon du Pacifique, le boeuf de l' Alberta, de même que certains vins de la vallée de l' Okanagan, entre autres. La présence d'une cuisine sur place permet aussi à l'équipe de s'ajuster à certaines contraintes alimentaires, lorsque le cas se présente. Chaque wagon de la section Gold compte un équipage de 7 personnes: 4 au service et à l'animation (commentaires en bord) et 3 à la cuisine, dont un sous-chef qui passe à travers les allées en fin d’après-midi, avec une fournée de biscuits ou de scones fraîchement sortis du four...

Des montagnes enneigées aux plateaux désertiques

A cause du nom du train, la majorité des passagers s'attendent à traverser les Rocheuses. Par contre, sur cet itinéraire de Calgary à Vancouver, il faut savoir qu' on ne traverse vraiment les Rocheuses qu' au cours des premières heures, entre Calgary et le lac Louise. En revanche, notre première surprise est de constater que cet itinéraire déploie une palette de paysages beaucoup plus variés qu' on ne croyait, auxquels s' ajoutent beaucoup de faune, un aperçu de l'activité économique, une ambiance du far west, des prouesses d' ingénierie et pas mal d'histoire également.

En effet, cet itinéraire emprunte le parcours du premier train transcontinental canadien, qui a donné tant de fil à retordre aux ingénieurs à la fin du 19ème siècle. Bien sûr, ces anecdotes font partie des commentaires à bord, comme une foule d' autres. On traverse donc de nombreux ponts perchés au-dessus de canyons, des abris anti-avalanches, de longs tunnels creusés à travers les montagnes, dont les fameux tunnels en spirales, non loin de Banff, qui comptent parmi les temps forts de la première journée. On croise aussi les longs trains marchandises couverts de céréales, quelques moulins à bois, des mines de cuivre, des petites communautés rurales, etc.

Mais c' est la nature surtout qui nous tient sur le bout de nos chaises, presque sans relâche. Après les Rocheuses, on entre ensuite dans le Glacier National Park, longeant de multiples autres sommets enneigés qui se perdent dans les nuages. Et à leurs pieds, quantité de lacs et de rivières tumultueuses d'une couleur émeraude absolument incroyable (parce qu'alimentées par des glaciers). La nature, qui montre toute sa force et sa fougue, tandis que le train serpente à mi-falaise, semblant bien petit, en comparaison de tout cela.

Après les premières heures passées en altitude et plus au frais, le train redescend dans les vallées, pour suivre ensuite des rivières à saumons (si nombreux qu' on les aperçoit du train), l'énorme lac Shushwap avec ses nombreuses presqu' îles, avant de terminer la journée au milieu de paysages plus arides, aux abords de Kemloops. Le lendemain, on roule plusieurs heures au milieu des paysages semi-désertiques du plateau Thomson: à travers des montagnes de rocs aux formes étranges ( des "hoodoos" comme on les appelle), des vestiges de la ruée vers l'or, de nombreux oiseaux de proie perchés sur les poteaux, tandis que les balbuzards pêcheurs planent au-dessus des bouillons de la rivière Thomson. Bref, une véritable ambiance de far-west! Côté faune, les passagers risquent aussi d' apercevoir des aigles, des mouflons de montagnes, des grizzlis ou un coyote, comme celui que nous avons vu à la sortie de Kamloops.

Chose certaine, entre les repas, l'animation à bord et la nature qui varie son spectacle régulièrement, il n' y a pas beaucoup de temps morts... Et ce, même si l' on roule respectivement 12 et 10 heures chaque jour. Nul doute, le Rocky Mountaineer demeure un produit haut de gamme (à partir de 826$ en Redleaf et de 1526$ en Goldleaf) qui n' est pas à la portée de toutes les bourses et pas vraiment propice pour les jeunes enfants. Mais, grâce à la beauté et à la grande variété des paysages traversés, le Rocky Mountaineer mérite bien d' être classé parmi ces fameux " voyages d'une vie"... Ceux qu' on s' offre pour célébrer un anniversaire spécial, par exemple...

A pleine vapeur sur le marché québécois !

Déjà très populaire auprès de la clientèle étrangère (Américains, Australiens, Britanniques, Allemands), la compagnie Rocky Mountaineer a décidé de se faire mieux connaître au Québec cette année, si bien qu' elle vient tout juste d' engager une nouvelle directrice commerciale pour l' est du Canada: Aline Zafirian, en poste depuis avril. "Ils ont aussi décidé d' investir plus d' efforts pour proposer davantage de documents et de services en français", commente madame Zafirian. Pour le moment, le journal distribué à bord et leur brochure électronique existe en français, de même que le site internet et le portail de réservations en ligne. Déjà, un premier éducotour est prévu avec des agents de voyages Québécois au cours du mois de septembre. D' autres suivront l'année prochaine. Rappelons que la saison du Rocky Mountaineer s' échelonne d' avril à la mi octobre. Tous leurs itinéraires peuvent être vendus individuellement, combinés entre eux, avec des nuits d’hébergement supplémentaires ou avec des circuits terrestres. Cette année, Rocky Mountaineer aura aussi son kiosque au SITV: une belle occasion d'en savoir plus et d'aller rencontrer madame Zafirian.
A l'heure actuelle, leurs produits peuvent être achetés par les agences directement (avec commissions, bien sûr!) ou via l' intermédiaire de certains voyagistes comme Tours Chantecler , par exemple, qui les combinent à d' autres circuits.

Pour en savoir plus:

azafirian@rockymountaineer.com

www.rockymountaineer.com/fr/routes

Un reportage de Nathalie De Grandmont