Vous lisez J'ai mon voyage!

Couleurs et saveurs de l’arc-en-ciel martiniquais (reportage)



Le volcan de la Montagne Pelée domine la partie nord de l'ïle.
Le volcan de la Montagne Pelée domine la partie nord de l'ïle.
Par Nathalie De Grandmont --- Comme toute île des Antilles, la Martinique rime avec plages, soleil et chaleur, bien sûr. Mais tout cela n'est qu'un amuse-bouche, pourrait-on dire, car au-delà de la bronzette nous attendent aussi des forêts tropicales, le volcan de la Montagne Pelée, des rhums fabriqués de façon artisanale, sans parler du plaisir de pouvoir communiquer en français, avec des gens qui ont la bonne humeur facile et... contagieuse. Et comme Air Canada vient d'y ajouter un deuxième vol hebdomadaire et que plusieurs voyagistes y proposent désormais des circuits hors des sentiers battus, toutes les conditions sont réunies pour que les Québécois puissent découvrir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel martiniquais...


Le contact avec les gens est un des atouts de la destination.
Le contact avec les gens est un des atouts de la destination.
Le nord: un secret bien gardé

En Martinique, s'en tenir aux plages serait comme se contenter de la vanille dans une glace napolitaine! Car cette île (64 km de longueur et 20 km de largeur) possède certains des paysages les plus variés des petites Antilles, sans parler de la cuisine et de la culture martiniquaises, qui sont de véritables "valeurs ajoutées " pour cette destination. Evidemment, comme la Martinique est un département outre-mer français, le coût de la vie (en euro) s'y rapproche des standards européens et les formules tout-inclus n'y sont pas monnaie courante; notamment parce que les nombreux restaurants ici et là nous incitent à manger ailleurs... Cela dit, plusieurs voyagistes proposent tout de même quelques formules qui s'en approchent et dans des hôtels bien situés, qui peuvent servir de base pour rayonner dans l'île. Certes, pour ceux qui ne recherchent que les plages, il est indéniable que d'autres destinations " soleil" affichent des prix plus agressifs. Mais comme de plus en plus de voyageurs Québécois souhaitent aussi goûter les spécialités du terroir et se rapprocher des gens, c'est là que la Martinique peut marquer des points... grâce à la richesse de sa culture locale, sa gastronomie et la complicité naturelle qui s'établit rapidement entre Québécois et Martiniquais.


La vue sur les montagnes, à partir du gîte le Hameau du Morne des Cadets
La vue sur les montagnes, à partir du gîte le Hameau du Morne des Cadets
Ces forces sont encore plus manifestes dans le nord du pays: le pays des arc-en-ciel, au sens propre et figuré! Bien que le sud de l'île soit plus balnéaire, le nord, lui, cache des trésors bien gardés, qui laissent des impressions tout aussi fortes. D'immenses bananeraies, des forêts tropicales, des montagnes (appelées " mornes") qui ondulent vers la mer, au milieu desquelles trône l'impressionnant volcan de la Montagne Pelée, qui culmine à 1397 mètres d'altitude. Cette montagne a souvent la tête dans les nuages, mais lorsque ceux-ci se dissipent, il n'est pas rare que suive une succession d'arcs-en-ciel... Comme quoi les patients ne perdent rien pour attendre! C’est un peu de la même façon que le nord de la Martinique révèle ses atouts : simplement, sans tambour ni trompette, en s’appuyant sur la persévérance et l’accueil de petits hôteliers et propriétaires qui font beaucoup d’efforts pour attirer les visiteurs jusqu’ici.


Un guide, au Domaine Emeraude.
Un guide, au Domaine Emeraude.
Le gouvernement et le Comité martiniquais du tourisme font aussi leur part pour faire connaître ce coin de pays, car lors d’une récente tournée de presse, nous y avons visité plusieurs attraits, dont le Domaine d'Emeraude, qui a ouvert en février. Appartenant à l’Office national des forêts, ce vaste domaine est encerclé par les trois principaux massifs montagneux de l’île : un excellent point de départ pour faire découvrir la flore et la faune de la Martinique, la mission que s’est donnée cette entreprise. Pour l’instant, le site est encore en rodage (120 à 150 visiteurs/jour) mais compte néanmoins un musée, un réseau de courts sentiers dans la forêt tropicale de même qu’un jardin, qui devrait être garni de près de 500 espèces.

A la rencontre des gens

Comme le nord est nettement moins connu, il y a déjà plusieurs années qu'un groupe d'entrepreneurs a décidé de se prendre en main, en y créant le réseau "Tak Tak", qui regroupe une cinquantaine de membres - petits hôteliers et entreprises - qui proposent toutes sortes de services. Au fil des années - et après quelques visites au Salon international Tourisme Voyages, entre autres - quelques-uns de leurs membres les plus actifs ont réussi à se faire des alliés au sein du marché québécois.

Le Hameau du Morne des Cadets regroupe 5 maisonnettes comme celle-ci.
Le Hameau du Morne des Cadets regroupe 5 maisonnettes comme celle-ci.
C'est notamment le cas du gîte du Hameau du Morne des Cadets, qui est proposé par Vacances Tours Mont-Royal, dans le cadre d'un circuit de 7 jours et d'un autre circuit combinant le nord et le sud (4 jours dans le nord, 3 autres dans le sud). Situé sur les hauteurs de Fonds Saint-Denis, ce gîte offre une vue exceptionnelle sur la Montagne Pelée, de même que sur la côte de Saint-Pierre, située en contrebas. Les groupes d’amis (ou familles élargies) peuvent y partager le chalet de 3 chambres (avec salon et cuisine), tandis que trois autres maisonnettes d’une chambre (avec divan et cuisine) peuvent accueillir un couple ou une famille avec un jeune enfant. Bien que les chambres soient propres et équipées de cuisinettes, il faut savoir que l’aménagement et la décoration n’y sont pas ceux d’un hôtel.

Léon Tisgra propose de découvrir la Martinique de la terre à la table...
Léon Tisgra propose de découvrir la Martinique de la terre à la table...
Avec une capacité maximale de 24 clients, les principales forces de cet endroit demeurent la simplicité, la chaleur de l’accueil et la proximité du terroir, d'autant plus que le propriétaire, Léon Tisgra, est l’un des pionniers de l'agriculture biologique en Martinique. Ce qu’on mange le soir à table est donc cultivé juste sous nos balcons, dans un domaine vallonné de 7 hectares, où « Tonton Léon », comme on l’appelle, cultive près de 200 espèces de fruits et de légumes, qui se retrouvent aussi dans quelques restaurants et marchés de l’île. Passionnés et très impliqués au sein de la promotion du nord du pays, le propriétaire et son équipe proposent aussi à leurs hôtes tout un programme d’activités connexes : des courtes ou longues randonnées en montagne, des soirées festives en compagnie de musiciens ou même, des excursions dans des yoles (bateaux) traditionnelles.

La ville de Saint-Pierre, entre mer et montagne.
La ville de Saint-Pierre, entre mer et montagne.
En fin de journée, tout le monde se retrouve sur la terrasse pour le "ti punch à Léon", fait avec des fruits macérés dans le rhum. Un apéro qu'on savoure en admirant la montagne au coucher du soleil, suivi du spectacle des lucioles, qui font scintiller la forêt comme des sapins de Noël... (Bon, d’accord, c’est vrai que le ti-punch est assez fort ! )


Florence André, au milieu de son jardin.
Florence André, au milieu de son jardin.
Trève de plaisanterie, lors de notre tournée, nous avons aussi rencontré trois autres membres du réseau Tak Tak qui misent également sur l’accueil et le contact avec les gens : l'Habitation Pied en l'air (à Sainte-Marie), La Savane des Esclaves, à Trois-Ilets et la Distillerie Neisson, au Carbet. Située au coeur de la région des bananeraies, l’Habitation Pied en l'air est une escale idéale pour qui souhaite apprendre à cuisiner des accras de morue, des flans au coco ou des pâtés aux bananes... En plus d'avoir le sourire et la gentillesse d'une tontine qu'on voudrait adopter, Florence André, la propriétaire, offre des ateliers très abordables, où elle nous apprend à cuisiner quelques entrées et desserts bien typiques de la cuisine créole. Après avoir mis la main à la pâte, on déguste nos créations, accompagnées de plusieurs autres plats, déjà préparés par Florence et sa fille. En complément de l'atelier et du repas, mère et fille nous font visiter leur " Jardin des senteurs et des saveurs", où elles cultivent une grande variété d'arbres fruitiers, de fleurs ornementales et de plantes médicinales.


Gilbert Larose, de la Savane des Esclaves.
Gilbert Larose, de la Savane des Esclaves.
La nature est aussi au coeur du projet de La Savane des Esclaves, le seul membre du groupe qui se trouve dans le sud de l’île, non loin de la station balnéaire des Trois-Ilets. Ce projet est l’oeuvre d’un autre passionné et autodidacte, Gilbert Larose, qui y a reconstitué un village traditionnel d'antan. Il nous raconte l'histoire des premiers colons arrivés de Normandie (tout comme pour le Québec !), puis les conditions de vie des esclaves qui travaillaient dans les champs de canne à sucre. Une partie de la visite se déroule également dans les jardins, où l’on découvre une multitude d' arbres fruitiers et de plantes médicinales, qui servent à illustrer une foule d’ autres anecdotes sur les traditions plus récentes des Martiniquais.

La Savane des Esclaves est la reconstitution d' un village d'antan.
La Savane des Esclaves est la reconstitution d' un village d'antan.
Avec son énergie (et ses visites fréquentes au SITV, également), Gilbert Larose a fait de ce site l’un des plus visités de l’île, qui rivalise maintenant avec l’Habitation Clément. Et il caresse encore une foule de projets d’expansion, dont celui de bâtir des « cases »traditionnelles pour offrir de l’hébergement.

Un "ti punch" avec ça ?

Pour certains épicuriens, le rhum pourrait déjà être une raison suffisante pour visiter la Martinique. Sur cette île, les producteurs fabriquent du rhum agricole, c'est à dire fabriqué directement à partir du jus de canne à sucre (et non de la mélasse, qui est un résidu).

Le rhum martiniquais est le seul à avoir sa propre appellation contrôlée.
Le rhum martiniquais est le seul à avoir sa propre appellation contrôlée.
Le rhum agricole est surtout produit dans les Antilles françaises mais le rhum martiniquais est le seul (et même le seul produit des DOM-TOM) à avoir sa propre appellation contrôlée, obtenue en 1996. « D’ailleurs, les règles de l’AOC privilégient l’aspect artisanal de la production, ce pourquoi les distilleries martiniquaises (à l’exception de Saint-James) ne peuvent pas distribuer leurs rhums au Québec » ; explique l’une des propriétaires de la distillerie Neisson. « En 1950, explique-t-elle, il y avait plus de cent distilleries dans l’île. Mais à cause des exigences et des coûts de production actuels, il ne reste plus que 7 distilleries fumantes (encore actives), dont la nôtre, qui demeure l'une des rares distilleries familiales », poursuit-elle. Comme nous le montre la visite des lieux (cuves, chais, embouteillage et dégustation), cette maison privilégie les méthodes artisanales avec quelques variantes bien à elle, en commençant par la culture de ses propres champs de canne, encore coupés au coutelas.

Les amateurs de rhum peuvent aussi s’arrêter à la Distillerie Saint-James (à Sainte-Marie) ou à l'Habitation Clément, à Le François. Bien que la distillerie elle-même se trouve ailleurs aujourd’hui, ce domaine illustre trois facettes du pays au même endroit: la végétation, la production du rhum et la période coloniale, où les "habitations" étaient de vastes domaines d'exploitation sucrière et le pilier de toute l'économie locale.

L'intérieur de la Maison Clément
L'intérieur de la Maison Clément
Déjà, la maison de l'Habitation Clément est l'une des rares accessible aux visiteurs, de même qu'un superbe exemple des maisons de maîtres du 18ème siècle, restaurée et remeublée comme à l'époque, avec ses lits à baldaquin, ses récamiers en acajou, ses.persiennes à lamelles, qui permettaient une meilleure ventilation. L'audio-guide nous fait aussi découvrir la forêt du domaine (qui abrite plusieurs arbres centenaires), de même que les machines de l'ancienne distillerie et les chais de vieillissement, où les rhums vieux et les cuvées spéciales développent leurs arômes, en nous en offrant un avant-goût ! Bien sûr, la visite se termine par une dégustation de quelques-uns de leurs produits, dont ces fameux rhums vieux, qui font la réputation de la maison.

Ce voyage a été réalisé en collaboration avec le Comité Martiniquais du Tourisme et ses nombreux partenaires, que nous remercions chaleureusement.

Lire la suite: Bains de soleil et bons gueuletons sur l'Ile des fleurs...

Un programme de revitalisation est en cours à Fort de France, notamment dans le secteur piétonnier.
Un programme de revitalisation est en cours à Fort de France, notamment dans le secteur piétonnier.
Saint-Pierre, la survivante...

Située au nord de l'île, la ville de Saint-Pierre en était autrefois la capitale. Au 19ème siècle, on la surnommait " le petit Paris des Antilles", tant son théâtre, ses nombreux commerces prospères et ses rues en pavés épataient la galerie....

Or, son sort a basculé un matin de mai 1902. En quelques minutes, les bâtiments et toute la population ont été ensevelis par une violente éruption de la Montagne Pelée, qui n'a laissé qu'un seul survivant. Ironiquement, il s'agissait d'un prisonnier, qui a eu la vie sauve grâce aux murs épais du cachot qui l'abritait ce matin-là.

Aujourd'hui, Saint-Pierre n'est plus la capitale mais une petite ville, qui se souvient... Les ruines de l'ancienne prison, de l'église et du théâtre font partie de son charme, d'autant plus qu'elles seront bientôt illuminées et mieux mises en valeur.

Pour en savoir plus:

www.tonton-leon.com
www.lasavanedesesclaves.fr
www.neisson.com
www.habitation-clement.fr

Comité martiniquais du tourisme: 1-800-361-9099 ou www.lamartinique.ca

Mercredi 11 Janvier 2012 - 13:43






Inscription à la newsletter