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Tourisme en Égypte : état des lieux (reportage)



Tourisme en Égypte : état des lieux  (reportage)
Par David Nathan ---- On dit souvent de ce pays que c'est le voyage d'une vie, tant sa beauté et son histoire millénaire fascinent et font rêver. L'Égypte a malheureusement perdu ce statut depuis les manifestations du 25 janvier 2011, date qui a marqué le début d'une révolution, peu de temps après celle initiée par la Tunisie. Concrètement, les gens ont peur d'aller voir les pyramides, les touristes boudent cette destination, craignant un climat de tension et de violence. Mais qu'en est-il vraiment ?

J'ai Mon Voyage! (md) a été récemment invité à un éducotour de 12 jours organisé par Rêvatours et dont le but était précisément de prendre le pouls d'un pays, d'une destination qui n'accueille pratiquement plus de touristes. Dès le lendemain des '' événements '', les voyageurs qui prévoyaient visiter le pays de Ramsès II se sont ravisés. «L'impact sur nos destinations au Moyen-Orient a été immédiat, explique Renée Boisvert, directrice générale de Rêvatours. Il y a eu énormément d'annulations ou de reports sur d'autres destinations. À ce jour, nos ventes sur l’Égypte sont à -60% par rapport à l’an dernier à pareille date. Pour la Tunisie on parle d’une baisse de -50%. Le Maroc, bien que touché par ricochet, se porte malgré tout assez bien, maintenant le cap par rapport à la production de l’an dernier».

Au cours de notre voyage qui nous fit découvrir le nord de l'Égypte aussi bien que le sud, les agents de voyages et moi-même n'avons fait que constater les dégâts d'une image médiatique désastreuse. Tous les professionnels du tourisme rencontrés ont d'ailleurs pointé du doigt cette enflure médiatique, miroir déformant responsable en grande partie de cette désertion touristique. «Les médias ne disent pas la vérité et ne donnent pas une image juste de ce qui se passe ici, explique Tarek Massoud, Égyptologue et guide professionnel. Ils mettent uniquement en avant les points négatifs et le résultat est que les gens ont peur de l'instabilité au Moyen-Orient à cause des événements qui ont lieu au Yemen, en Lybie et en Syrie. Mais je peux vous affirmer que l'Egypte est un pays sécuritaire».


Tourisme en Égypte : état des lieux  (reportage)
Et effectivement, en douze jour, nous n'éprouverons jamais ce sentiment d'insécurité. Que ce soit en plein coeur du souk du Caire, à quelques mètres de la place Tahrir, devenue le lieu de rassemblement des manifestations et symbole du mouvement révolutionnaire, ou dans les autres lieux touristiques que nous visitons, Louxor, Hurghada, Assouan, Abu Simbel... La présence d'une police du tourisme est bien réelle, mais son rôle consiste plus à rassurer les gens qu'à prévenir d'éventuels gestes de violence. «La révolution est une révolution sociale, c'est l'ancien gouvernement qui était visé, pas les touristes », nous dira une Égyptienne croisée à l'aéroport.

Le résultat de tout cela est visible, ou plus exactement, invisible. Les touristes brillent par leur absence dans les grands lieux touristiques égyptiens. Le plateau de Gizeh, sur lequel trône la grande pyramide de Khéops, la seule des sept merveilles encore visible, est vide. Seuls deux autobus sont stationnés aux pieds de Kephren et l'un des deux, c'est le nôtre ! Même histoire quand nous visitons le musée national du Caire, qui est l'un des lieux les plus visité du pays. Cet établissement abrite des dizaines de milliers de pièces inestimables et attire en temps normal 20 000 visiteurs par jour. Nous visiterons le musée sans nous sentir à l'étroit. Certes quelques groupes admiraient les vestiges de l'Égypte ancienne, mais on était loin de se marcher sur les pieds. Le responsable du musée nous confiera après la visite que son établissement n'accueille plus aujourd'hui que de 100 à milles curieux par jour.

Quand on sait que le tourisme est le deuxième poste économique du pays, on peut aisément imaginer l'impact que cette situation peut avoir à cours terme. À l'instar de la Tunisie dont l'image de pays «en révolution» a contribué à une baisse majeure du tourisme, l'Égypte doit aujourd'hui se relever et montrer patte blanche aux milliers de touristes qui boudent encore cette destination. «Après avoir fait ce voyage, tous les agents de voyage présents et moi-même avons constaté que le pays est sécuritaire, continue Renée Boisvert. Mais cela va prendre du temps et des ambassadeurs comme nous, comme les médias, des gens qui sont allés sur place et qui ont constaté de visu que tout allait bien».

Au moment d'écrire ces ligne, comme une lueur d'espoir dans la nuit, Renée Boisvert nous confiait qu'un vent de reprise semblait depuis peu souffler sur l'Égypte. «On note depuis les dernières semaines une reprise en ce qui concerne la demande. Le Moyen-Orient étant une destination prisée en automne, nous sommes confiants que les prochaines semaines feront diminuer l’écart par rapport à l’an dernier».

Lundi 20 Juin 2011 - 20:02






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