Une nouvelle formule pour découvrir le Costa Rica avec Canandès (reportage)

Par Jean-Pierre Kerten --- J'ai eu la chance d'accompagner un petit groupe de confrères au Costa Rica en juillet dernier à l'invitation du voyagiste Canandès International Tours. C'était mon premier voyage au pays de la '' Pura Vida ''. J'étais impatient de le découvrir, on m'en avait tellement parlé en bien. Le voyage, en fin de compte, a été épuisant. Trop de beauté, trop de gentillesse, trop de choses à voir et à faire. Bref, un succès sur toute la ligne et j'ai bien hâte d'y retourner. J'ai trouvé l'expérience particulièrement intéressante car elle m'a rappelé à quel point le tourisme peut contribuer positivement au bien-être de gens qui n'ont pas la vie facile. Elle m'a rappelé également a quel point le travail d'un voyagiste et par extension, celui d'un agent de voyage, peut devenir source d'espoir et de motivation pour de simples citoyens comme pour des responsables politiques et des gens d'affaires aux prises avec des revers économiques.

La directrice générale de Canandès, Patricia Perez, connaît bien le Costa Rica qu'elle visite d'ailleurs pour la troisième fois cette année. En mai dernier elle a reçu des mains de la présidente du pays, Laura Chinchilla, et au nom de Canandès, le prix du promoteur International du Costa Rica . Et si elle a invité quelques journalistes à Puntarenas en juillet dernier c'est parcequ''elle est en train de peaufiner pour les Québécois, un nouveau produit, une nouvelle façon de découvrir le Costa Rica.

L'idée est simple. La plupart des touristes qui visitent le Costa Rica sillonnent le pays d'un hôtel à l'autre, souvent à bord de véhicules de location. Cette formule ne convient pas à tout le monde. Nombreux sont ceux qui apprécieraient de pouvoir rentrer tous les soirs dans le même hôtel et éviter ainsi la corvée des valises et le stress de la conduite sur des routes parfois piégeuses. De là vient l'idée de proposer l'hébergement dans un lieu fixe et attrayant d'où les voyageurs peuvent rayonner facilement vers un grand nombre d'attractions.

Le choix de la destination s'est porté sur la ville de Puntarenas, idéalement située dans le golfe de Nicoya, sur la côte Pacifique. Une station déjà très fréquentée par les touristes costaricains, qui y séjournent en famille, et par les passagers des compagnies de croisières de plus en plus nombreuses à y faire escale.

A première vue, la ville ne paie pas de mine. On cherche en vain du regard un monument, une avenue, un parc, une attraction incontournable qui symboliserait Puntarenas. Mais on en vient rapidement à apprécier la qualité principale de l'endroit, son authenticité. La ville s'est bâtie sur une péninsule longue et étroite et c'est en regardant vers la mer que l'on comprend pourquoi les Costaricains la surnomme la Perle du Pacifique.

D'un côté de la péninsule, la plage de sable volcanique s'étend sur trois kilomètres. Une longue jetée où s'amarrent les paquebots la croise en son milieu. C'est à ce carrefour que se situe l'action. On y flâne avec plaisir pour observer les pêcheurs, faire quelques achats dans les échoppes des marchands ou pour savourer les spécialités locales dans l'un des nombreux restaurants qui occupent le secteur. De l'autre côté, c'est l'animation du port qui régale les yeux. Les traversiers et les petites embarcations se croisent, les oiseaux sont partout.

Puntarenas est aussi connue pour son carnaval. Chaque année, l'évènement attire des dizaines de milliers de touristes qui, pendant une semaine, s'emparent de la ville et de son littoral. Il y a donc là bas, une solide tradition d'accueil mais, malheureusement, l'économie de Puntarenas tourne au ralenti depuis quelques temps à cause d'un moratoire sur la pêche commerciale et les acteurs du tourisme se sont donc mobilisés pour contribuer au redressement de la situation économique de la communauté. Des projets d'infrastructures sont déjà en route et des efforts ont été entrepris pour nettoyer la plage, par exemple. Plus révélateur encore, quatre hôteliers ont décidé d'unir leurs forces pour répondre au mieux à l'opportunité d'affaire qui se présente avec le projet de Canandès.

Nous avons rencontré plusieurs notables, le maire, le directeur du bureau de tourisme, le chef des pompiers et une directrice d'école et ses petits étudiants, autant de responsables qui nous ont transmis leur enthousiasme à l'idée d'accueillir des touristes canadiens et québécois.

Dans ce contexte, l'initiative de Canandès tombe à point nommé. Et lors d'un discours qu'il prononçait le jour de notre arrivée, le maire s'est d'ailleurs félicité de voir, pour la première fois, quatre hôteliers de Puntarenas unir leurs efforts autour d'un projet commun. Petite anecdote. Comme nous partions en excursion chaque jour aux aurores, cela laissait peu de temps pour profiter de Puntarenas et notamment de son marché, le Mercado Central, que nous aurions aimé visiter. Qu'à cela ne tienne! En deux temps trois mouvements, nos hôtes s'étaient arrangés pour que, le lendemain, le Mercado Central ouvre ses portes avec deux heures d'avance ! La population et les marchands ont joué le jeu dans la bonne humeur et nous avons eu droit à un petit déjeuner servi aux milieu des étals avec, en prime, des musiciens et un spectacle de danse !

Le nouveau produit que développe Patricia Perez est un forfait de 7 jours incluant toutes les nuits à Puntarenas dans l'un des 4 hôtels, et quatre excursions d'une journée. Certaines excursions favorisent les rencontres avec la population, essentiellement dans les îles du golfe de Nicoya, d'autres permettent de visiter des sites majeurs, des parcs nationaux, des volcans etc... Selon l'excursion choisie, il faudra compter de 1 à 3 heures de route ou de bateau. Commençons par les îles du golfe de Nicoya.

Isla San Lucas

La première que nous visitons - San Lucas - est inhabitée. Mais elle a un lourd passé. Ici, nous dit-on, des milliers d'hommes ont vécu l'enfer. Des prisonniers ont été torturés, beaucoup sont morts. Nous sommes à l'entrée du pénitencier de San Lucas, un lieu de souffrance ouvert en 1873 , fermé en 1991. Un léger frisson me parcourt l'échine en remontant le ''chemin de l'amertume'', qui mène du quai au bâtiment principal. Notre guide, Ronaldo, nous raconte avec gravité l'enfer qu'ont vécu ces hommes et il interprète pour nous les grafitis qu'ils ont signés, parfois de leur sang, sur les murs.

Ce qui m'a faciné à Isla San Lucas c'est que le pénitencier ait été laissé dans l'état depuis sa fermeture en 1991. Ça ajoute au mystère. Certaines structures sont fragiles, d'autres sont envahies par les arbres, ce n'est pas encore une attraction touristique prise en charge par la grosse machine du tourisme. Mais, selon les autorités de Puntarenas, des investissement importants viendront bientôt sécuriser les structures et aménager l'ensemble en vue d'accueillir un plus grand nombre de touristes.

Un saut de puce nous sépare de l'île voisine. Isla Venado. Même en mer, alors que notre embarcation fend les flots du golfe de Nicoya, il y a toujours un oiseau ou un papillon à admirer. Parfois le guide nous pointe du doigt une épave et en raconte l'histoire. Il scrute l'horizon pour spotter les dauphins. Pas de chance cette fois-ci.

Isla Venado

Encore un tout petit peu crispé par les fantômes de Isla San Lucas, je plonge dans la décontraction la plus totale dès l'arrivée à Isla Venado. Nous sommes conviés à un repas préparé par trois femmes souriantes et attentives. Au menu: cuisine santé de toutes les couleurs. Un délice. Nous partageons ce repas avec Jesus Bolivar, président et fondateur de l'Association Ecoturistica, un organisme local voué au développement du tourisme. L'île et ses 900 habitants commence à accueillir des visiteurs et les possibilités d'hébergement étant limitées, il s'interroge sur le futur. Pour l'instant l'offre se limite au camping et à quelques gîtes disséminés sur l'île. Mais des cabines seront construites prochainement et si Jesus Bolivar s'en réjouit, il tient à protéger la vie paisible de Isla Venado et de ses habitants.

''Nous sommes en faveur d'un tourisme amical, familial et respectueux de notre culture et de l'environnement'', dit-il, '' Nous ne sommes pas intéressés par le tourisme de masse. ''

A pied, à vélo et en camionnette (un des 4 véhicules sur l'île) nous faisons le tour de l'île, un ciruit de 15 kilomètre, et nous arrivons dans un minuscule village de pêcheurs. Dehors, les femmes cuisinent et font la conversation, les enfants piaillent, grimpent aux arbres et viennent poser pour la photo. Le tour de l'île se fait bien à pied ou à vélo mais quelque soit le mode de transport retenu, il faut savoir que du haut des arbres, les congos vous observent. Si ces singes hurleurs sont de bonne compagnie, leurs cris sont terriblement inquiétants. Sinon c'est la tranquillité, la campagne et l'harmonie et comme partout au Costa Rica, la nature émerveille.

A notre arrivée sur la Isla Chira, la plus grande des îles du golfe de Nicoya, nous tombons sur cet abribus original qui nous rappelle les bienfaits du recyclage.

Nous découvrons ensuite La Amistad , un écolodge composé de quelques bungalows bien équipés, d'un restaurant et de chaises longues judicieusement disposées. La forêt nous entoure, quelques iguanes s'agitent près du four solaire...le farniente s'invite mais si nous visitons cette île, c'est surtout pour vivre une expérience captivante. Des femmes se sont mobilisées pour améliorer le sort de leurs familles dûrement touchées par le moratoire sur la pêche. Il y a quelques temps, elles se sont lancées dans l'élevage de coquillages pour en faire le commerce mais, comme elles nous le racontent, ce projet là a mal tourné.

La première année elles avaient ''planté'' plus de 60,000 embryons de coquillages dans la vase de la mangrove. La récolte avait été bonne mais, expliquent -elles, au fil des années, des gens venus d'ailleurs, ont commencé à faire des récoltes sauvages, pillant le fruit de leur labeur. Et donc le projet, s'il n'est pas mort, est en attente d'une réorganisation. Pas complètement découragées, ces femmes ont trouvé une alternative potentiellement intéressante en proposant aux touristes une démonstration du travail qu'effectuent les éleveuse de coquillages. A bord de leur petit bateau nous remontons la mangrove et elles nous expliquent les techniques employées. Elles nous montrent les uniformes qu'elles ont créés pour travailler en sécurité.

Tout en nous préparant des ceviche sous les palétuviers, l'une d'elle se souvient d'une journée pour le moins spéciale: ''un jour, en débarquant du bateau, raconte-t-elle le plus sérieusement du monde, j'ai mis le pied sur un crocodile, croyant que c'était une branche !'' Dur dur la vie sous les palétuviers ! D'autant plus qu'à les entendre, les hommes ne lèvent pas le petit doigt pour les aider. Faut dire qu'avec les crocodiles... '' Tout ce qui les intéresse c'est la pêche!'' lancent en choeur ces femmes fortes de la mangrove. Et elles le disent: '' c'est tellement dur pour arriver à quelques chose, la vie n'est pas facile'' et puis elles se remettent à sourire en retrouvant, au village, d'autres femmes occupées à faire tourner une coopérative d'artisanat. Nous y faisons le plein de cadeaux.

Dans la deuxième partie de ce reportage, je vous emmène à la découverte d'attractions majeures du Costa Rica, rompues aux techniques d'accueil des touristes.

Lire la suite Les parcs et les volcans, à paraître le 26 août 2011

Voir l'entrevue vidéo
Patricia Perez, nous a accordé une entrevue sous les fumerolles au bord du cratère du volcan Poas. Le clip (ci-dessous) propose également de nombreuses images de Puntarenas et des excursions proposées par Canandès au départ de Puntarenas.