Argentine: la région d’Iguazu : des chutes et bien davantage…

Par Nathalie De Grandmont
A l’époque, les Guaranis les appelaient « Grandes Eaux »; soit Y- Guazu, dans leur langue. On ne saurait dire mieux car les mots perdent vite tout leur sens en présence de ces 275 chutes, dont certaines déferlent sur 80 mètres de hauteur.

Classées parmi les plus hautes au monde, ces cataractes font le bonheur de deux pays : le Brésil et l’Argentine, qui se partagent le spectacle... En Argentine, le Parc des Chutes d’Iguazu constitue l’un des sites les plus visités du pays et avec raison.

L’aéroport d’Iguazu est desservi par de nombreux vols internes de LAN : notamment des vols directs (1h) à partir ou à destination de Buenos Aires. La ville de Puerto Iguazu possède de nombreux hôtels, de toutes catégories, y compris quelques nouveaux hôtels boutiques fort intéressants (voir plus loin).

Chutes et excursions, au pluriel…

Une fois dans la région, plusieurs visiteurs choisissent passer une journée du côté argentin et une autre du côté Brésilien. Mais le Brésil exige un visa pour les Canadiens, même pour une visite de moins d’une journée; ce qui fait assez cher pour une excursion…

Que les Canadiens se consolent : il y a largement de quoi occuper deux bonnes journées, uniquement du côté argentin! Car le Parc des chutes d’Iguazu n’est pas le cas d’un petit quart d’heure où l’on s’ébahit devant les chutes et on repart!

Le Parc englobe de nombreuses chutes ainsi qu’une multitude de belvédères et de sentiers pour les observer. Il est si vaste qu’un petit train sillonne les différents secteurs, menant notamment à la Gorge du Diable, plus excentrée.

Des traversiers (gratuits) peuvent aussi nous conduire jusqu’à l’île Saint-Martin, située au milieu de la rivière Iguazu.

Cette île a notamment servi au tournage du film « The Mission » (avec Robert de Niro). Elle possède une petite plage et des sentiers pédestres, pour les randonneurs un peu plus aguerris.

Tous les autres sentiers (à l’exception du circuit inférieur) sont accessibles à tous, y compris aux familles avec poussettes et aux personnes à mobilité réduite.

Les deux principaux circuits - inférieur et supérieur - sont parsemés de belvédères qui réservent tous de beaux points de vue : sur les chutes Saint-Martin, le Salto Bossetti ou encore, les fameuses chutes de la Gorge du Diable, qui sont situées plus au loin.

Parfois, quelques boucles dans le sentier débouchent aussi auprès de chutes plus petites mais tout aussi charmantes, telles que les « Deux Soeurs », par exemple, cachées au fond d’une crique.

Il faut aussi emprunter des sentiers comme le « Sendero Verde », qui traverse la forêt et des zones marécageuses.

Une belle opportunité de découvrir la végétation tropicale, d’apercevoir des toucans (5 espèces dans le parc), des caimans et surtout, les fameux ratons coati, quasiment devenus les mascottes du parc tant ils sont nombreux et peu timides...

La Gorge du Diable, les cataractes les plus importantes, se découvrent l’après-midi, si possible, moment où elles sont le mieux éclairées.

Accessible par le petit train, ce secteur nécessite à lui seul une heure de trajet en train (aller-retour) et une demi-heure de marche (AR) sur la passerelle qui mène aux chutes. A l’intérieur du parc se trouvent également un hôtel Sheraton, plusieurs casse-croûtes, un restaurant-buffet et quelques compagnies telles que « Iguazu Jungle Explorer » qui proposent des excursions complémentaires.

Leur « Grande aventure » combine une excursion en forêt (en jeep) et une balade en bateau pneumatique sur la rivière Iguazu, qui nous entraîne jusqu’en dessous des chutes Saint-Martin (douche assurée!). Il y a aussi possibilité de faire uniquement la balade en bateau : plus courte mais moins chère que la Grande Aventure, qui s’avère un peu coûteuse pour ce qu’on en retire...

Bien organisé en matière de services pour les visiteurs (restaurants, kiosques d’information, etc.), le Parc propose aussi des excursions spéciales : notamment des randonnées nocturnes, lors des 3 ou 4 soirs de pleine lune, chaque mois. Non comprises dans le coût normal d’entrée au parc, ces excursions peuvent être combinées avec un souper sur place, au restaurant-buffet, avant ou après la promenade aux chutes. Ces soirs-là, les guides du parc organisent trois sorties successives, qui regroupent chacune une centaine de personnes. Les groupes empruntent le train jusqu’ à la Gorge du Diable, puis se rendent tous ensemble jusqu’à la passerelle des chutes, seulement éclairés par les rayons de la pleine lune. L’expérience de découvrir ce site de nuit est très intéressante, mais la grosseur des groupes et le peu de temps passé aux chutes y fait un peu ombrage, malheureusement.

Des hôtels, qui mettent la nature en valeur

Les Chutes d’Iguazu constituent la véritable locomotive de l’industrie touristique : dans cette région et même à l’échelle du pays. Mais cette région nord-est de l’Argentine (la province de Missiones) travaille aussi très fort en ce moment pour mettre mieux en valeur ses autres beautés naturelles, sa forêt subtropicale et les sites de ses Missions Jésuites, classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco (voir le texte de demain).

Selon mon guide, la ville de Puerto Iguazu est sur une véritable lancée depuis quelques années : sa population ayant presque doublé en moins de sept ans. D’ ailleurs, de nombreux panneaux sur la route principale annoncent la construction prochaine de deux gros complexes hôteliers : l’ Hôtel Iru et le Hilton, qui devrait comprendre aussi un golf .

Quelques hôtels boutique ont aussi ouvert leurs portes récemment, dont le Aldea de la Selva : à quelques minutes de la ville en taxi mais presque camouflé dans la forêt tropicale.

D’ ailleurs, l’hôtel met grandement en valeur la forêt locale : les bâtiments et les meubles sont construits en rondins de bois, les sentiers et les pavillons des chambres, très discrets. (Eclairés en soirée, mais avec des systèmes peu énergivores.)

Très chaleureuses grâce à leurs murs de bois, les chambres possèdent des équipements dernier cri (internet, salle de bains bien équipées, téléviseurs LCD, etc.) et des balcons encerclés d’arbres immenses, ou abondent les oiseaux et les papillons.

Doté d’une piscine et d’un parc d’ aventures dans les arbres, La Aldea de la Selva offre des services de qualité (même dans la salle à manger) et une expérience relaxante, pour qui aime la forêt tropicale et souhaite passer des soirées plus tranquilles.

Un produit qui, à mon avis, est susceptible de plaire aux voyageurs Québécois, notamment aux couples et aux baby-boomers…

Deux cent cinquante kilomètres plus à l’ouest, au cœur de la région des Missions Jésuites, les affaires bourgeonnent beaucoup également. Lors de mon passage, en juillet dernier, deux autres hôtels boutique venaient d’ouvrir leurs portes.

A San Ignacio, une italienne d’origine vient d’ouvrir La Toscana : un hôtel intime et de bon goût, le premier de la ville à proposer une piscine et une grande terrasse pour organiser de typiques BBQ argentins.

Non loin de loin, à Santa Ana, un père et sa fille ont aussi ouvert l’ Hostel El Teyu : un peu plus isolé mais charmant et confortable (sans internet, cependant). Sa grande force : une piscine et une terrasse, qui donnent une vue sur les montagnes et la forêt tropicale. Et les propriétaires s’affairent à y construire un spa (le plus écologique possible).

A San Ignacio, l’ Hostel House El Jesuita offre aussi un service très personnalisé, comme celui d’un B&B. Les chambres y sont plus modestes (mais très économiques) mais on peut se cuisiner des repas sur leur BBQ.

Ils louent aussi des vélos, pour ceux qui ont envie de se promener en ville ou se rendre à la plage del Oro, sur les rives du Parana.

Une forêt à découvrir

Selon Roberto Zimmerli, directeur de la compagnie Guayra, la région nord-est de l’Argentine cache bien d’autres beautés que les chutes d’Iguazu. Bien que les coupes de bois y aient fait des ravages malheureux (comme au Brésil et au Paraguay), cette région est celle qui a préservé la plus grande portion de cet écosystème unique, engendré par la présence du fleuve Parana.

Le fleuve Parana est le deuxième plus important en Amérique du sud, par sa longueur et l’amplitude du territoire qu’il draine. « Cette partie de l’Argentine compte le plus grand nombre de parcs provinciaux et de zones protégées au pays (79), au sein d’un vaste corridor vert, qui s’étend d es chutes d’ Iguazu jusqu’ à celles de Mocona, plus au sud.

Les responsables du tourisme de la province de Missiones, les intervenants et les hôteliers de cette région semblent bien déterminés à faire connaître davantage ces autres attraits Quelques-uns, comme la compagnie Guayra, ont déjà choisi d’en faire leur spécialité. Outre les classiques chutes d’Iguazu, cette compagnie propose aussi aux visiteurs d’ aller découvrir l’ unique faune et flore locale dans la Lagune del Ibera (milieux humides) et au Parc provincial de Mocona, entre autres.

Dynamiques et très amoureux de la nature eux aussi, les jeunes propriétaires de l’ Hostel House El Jesuita travaillent également à développer des excursions au Parc provincial Teyu Cuaré, un lieu méconnu mais qui était pourtant un des endroits de méditation préférés des Indiens Guaranis et les Pères Jésuites.

Je peux en témoigner pour les avoir essayées: une fois au point, ces excursions seront fort intéressantes, car ce site réserve des points de vue étonnants sur le fleuve Parana.

Lire la suite: les Missions Jésuites et le Paraguay

Informations pratiques/ pour en savoir plus :

Pour les excursions : www.guayra.com.ar
Hostal del Teyu à Santa Ana: www.hostaldelteyu.com.ar
La Aldea de la Selva : www.laaldeadelaselva.com
Hostel House de San Ignacio :www.hosteleljesuita.com
Pour le Parc d’ Iguazu: www.iguazuargentina.com
www.iguazujungleexplorer.com
www.turismo.misiones.gov.ar
www.lan.com

Le transport en autobus, en Argentine

Bien que la région d’Iguazu soit desservie par des vols internes, les voyageurs qui souhaitent s’y rendre peuvent aussi avoir recours à l’ autobus. En Argentine, le transport en autocar est très bien développé, pour les courtes et longues distances. L’immense gare d’ autobus de Buenos Aires s’ étend sur trois étages, dont l’ un uniquement pour les ventes de billets.

Une centaine de compagnies (sinon plus) desservent pratiquement tous les coins de l’Argentine, ainsi que tous les pays voisins. Certaines se spécialisent dans les destinations du nord-est, telles que Crucero del Norte et Flecha Bus, par exemple, qui offrent plusieurs départs par jour vers Posadas (pour les Missions, 10h de trajet) et Iguazu (pour les chutes, 12h de trajet) .

La majorité de ces compagnies disposent d’autobus à deux étages, qui renferment des sections «semi- cama » et « cama » (encore mieux) au premier étage, pourvues de bancs qui se baissent comme des lits. Il faut donc privilégier ces services car on peut y dormir beaucoup plus aisément. Dans le service plus haut de gamme (mais à des prix qui demeurent bien abordables), on nous sert également le souper (avec mousseux, SVP!) et le petit déjeuner.

En plus d’ être plus larges et spacieux (comme la classe affaires d’ un avion), les sièges sont aussi séparés les uns des autres par des rideaux. Comme le service « cama » permet à plusieurs de dormir, la majorité des Argentins font ce genre de trajet de nuit : les autobus quittent généralement vers 22h (et ils sont ponctuels) et arrivent à Posadas vers 8h le lendemain ou vers 10h, à Iguazu,.