Le fleuve Parana, qui sépare l’ Argentine du Paraguay.
Par Nathalie De Grandmont---
Dans ce coin nord-est de l’Argentine, la majorité des visiteurs viennent surtout pour admirer les impressionnantes chutes d’ Iguazu (voir le texte d’ hier). Mais il n’y a pas que ça! En ce moment, la région travaille ardemment pour mettre aussi en valeur ses autres Réserves de la Biosphère et les sites des anciennes Missions Jésuites, que l’Unesco a reconnu comme des trésors du Patrimoine mondial.
Dans ce coin nord-est de l’Argentine, la majorité des visiteurs viennent surtout pour admirer les impressionnantes chutes d’ Iguazu (voir le texte d’ hier). Mais il n’y a pas que ça! En ce moment, la région travaille ardemment pour mettre aussi en valeur ses autres Réserves de la Biosphère et les sites des anciennes Missions Jésuites, que l’Unesco a reconnu comme des trésors du Patrimoine mondial.
Un chapelet de Missions, le long du Parana
Par ici, les frontières se frôlent. L’Argentine flirte sans cesse avec ses deux voisins, le Brésil et le Paraguay. D’ ailleurs, toute cette région partage un même écosystème : un climat subtropical humide, sans saison sèche, qui émane du fleuve Parana, le second en importance en Amérique du sud après l’Amazonie.
Grâce au fleuve Parana, le sud-ouest du Brésil, le sud-est du Paraguay et le nord-est de l’Argentine partagent aussi un même chapitre de leur histoire, car c’est le long de ses rives que les Jésuites établirent un véritable chapelet de « missions », pendant tout le 17ème siècle.
Grâce au fleuve Parana, le sud-ouest du Brésil, le sud-est du Paraguay et le nord-est de l’Argentine partagent aussi un même chapitre de leur histoire, car c’est le long de ses rives que les Jésuites établirent un véritable chapelet de « missions », pendant tout le 17ème siècle.
Toutes les Missions possédaient une organisation semblable. Ici, la maquette de celle de San Ignacio
Présents pendant un siècle et demi, ils en construisirent une trentaine au total : dans les territoires actuels du Brésil (7) du Paraguay (8) et de l’Argentine (15).
A l’arrivée des Jésuites, il n’y avait dans ce territoire que le fleuve, la forêt vierge et les Indiens Guaranis, qui étaient majoritairement nomades, polythéistes et polygames.
C’est pour assurer leur sécurité – contre les Portugais, qui cherchaient à en faire des esclaves - que les Guaranis acceptèrent de venir s’installer dans ces Missions, à l’invitation des Jésuites.
Séparées par une douzaine de kilomètres environ, les Missions regroupaient en moyenne 5000 habitants, supervisés par deux ou trois Jésuites et plusieurs chefs Guaranis.
En échange, les Jésuites réclamaient d’eux qu’ils acceptent de devenir plus sédentaires et monogames… On ne sait trop lequel des deux sacrifices fût le plus difficile… mais chose certaine, le modèle des Missions s’avéra rapidement une réussite.
Elles fonctionnaient toutes sur le même modèle : dominées par une Plaza Mayor, au centre, que bordaient l’église et les maisons des Guaranis, tout autour.
C’est pour assurer leur sécurité – contre les Portugais, qui cherchaient à en faire des esclaves - que les Guaranis acceptèrent de venir s’installer dans ces Missions, à l’invitation des Jésuites.
Séparées par une douzaine de kilomètres environ, les Missions regroupaient en moyenne 5000 habitants, supervisés par deux ou trois Jésuites et plusieurs chefs Guaranis.
En échange, les Jésuites réclamaient d’eux qu’ils acceptent de devenir plus sédentaires et monogames… On ne sait trop lequel des deux sacrifices fût le plus difficile… mais chose certaine, le modèle des Missions s’avéra rapidement une réussite.
Elles fonctionnaient toutes sur le même modèle : dominées par une Plaza Mayor, au centre, que bordaient l’église et les maisons des Guaranis, tout autour.
Derrière, on retrouvait aussi le cloître, les habitations des Jésuites, la cour des artisans, le verger et les champs, où chaque mission cultivait ses propres spécialités (yerba maté, coton, mais, etc.).
Grâce aux nombreux échanges qui s’effectuaient entre elles, les Missions Jésuites ne tardèrent pas à devenir très autonomes; ce qui finit par irriter la couronne espagnole.
A l’instar des Portugais qui avaient chassé les Jésuites du Brésil dès les premières années, le roi d’Espagne ordonna lui aussi leur expulsion de l’Argentine et du Paraguay, en 1767.
Les Guaranis refusèrent de collaborer avec leurs successeurs, choisissant de retourner vivre dans la forêt ou d’aller s’établir dans les villes naissantes, notamment au Paraguay où l’on retrouve une majorité de leurs descendants aujourd’hui.
Grâce aux nombreux échanges qui s’effectuaient entre elles, les Missions Jésuites ne tardèrent pas à devenir très autonomes; ce qui finit par irriter la couronne espagnole.
A l’instar des Portugais qui avaient chassé les Jésuites du Brésil dès les premières années, le roi d’Espagne ordonna lui aussi leur expulsion de l’Argentine et du Paraguay, en 1767.
Les Guaranis refusèrent de collaborer avec leurs successeurs, choisissant de retourner vivre dans la forêt ou d’aller s’établir dans les villes naissantes, notamment au Paraguay où l’on retrouve une majorité de leurs descendants aujourd’hui.
Ayant duré plus de 150 ans, le règne des Missions Jésuites a laissé un héritage important dans la culture et l’histoire de la région. En Argentine, ce chapitre a même donné son nom à une province – « Missiones » - et à ses habitants, les Missioneros…
La mission de Trinidad, au Paraguay.
Des gens qui ne sont pas peu fiers de leurs surnoms! Et les ruines de ces missions sont très intéressantes à visiter aujourd’hui : principalement en Argentine et au Paraguay, où elles sont plus nombreuses et en meilleur état que leurs consoeurs Brésiliennes.
Comme les Missions possédaient toutes le même modèle ou presque, les explications se ressemblent de l’une à l’autre. Cependant, elles ne sont pas toutes d’égal intérêt. Les unes - comme San Ignacio et Trinidad - se démarquent grâce à leur état de conservation ou de restauration.
A l’inverse, celle de San Loreto (en Argentine) réserve une expérience complètement différente, parce qu’elle a été complètement laissée à elle-même, justement. On y découvre une forêt subtropicale qui a vite repris ses droits sur l’occupation humaine.
Les arbres percent et s’imbriquent littéralement à travers les ruines, composant avec elles un amalgame des plus étonnants. Dans leurs visites, les guides de San Loreto en profitent d’ ailleurs pour intégrer beaucoup d’explications sur la flore locale; ce qui ne manque pas d’intérêt non plus…
A l’inverse, celle de San Loreto (en Argentine) réserve une expérience complètement différente, parce qu’elle a été complètement laissée à elle-même, justement. On y découvre une forêt subtropicale qui a vite repris ses droits sur l’occupation humaine.
Les arbres percent et s’imbriquent littéralement à travers les ruines, composant avec elles un amalgame des plus étonnants. Dans leurs visites, les guides de San Loreto en profitent d’ ailleurs pour intégrer beaucoup d’explications sur la flore locale; ce qui ne manque pas d’intérêt non plus…
Lumières sur San Ignacio !
Mais de toutes les missions, la plus impressionnante et la mieux organisée demeure certainement celle de San Ignacio; parce qu’ elle fût la première à être restaurée (dès 1940) et parce qu’ elle témoigne d’ un style architectural plus tardif, donc plus raffiné et élaboré.
On y remarque d’ ailleurs plusieurs décorations et reliefs sculptés dans les colonnes, notamment sur la façade de l’église. Plusieurs organisations internationales travaillent encore sur le site, pour solidifier et mettre en valeur ses nombreux bâtiments.
En juillet dernier, le site était très affairé car une équipe de jeunes artistes et techniciens s’apprêtaient à terminer le tout nouveau spectacle nocturne, destiné à remplacer l’ancien son et lumières.
Mais de toutes les missions, la plus impressionnante et la mieux organisée demeure certainement celle de San Ignacio; parce qu’ elle fût la première à être restaurée (dès 1940) et parce qu’ elle témoigne d’ un style architectural plus tardif, donc plus raffiné et élaboré.
On y remarque d’ ailleurs plusieurs décorations et reliefs sculptés dans les colonnes, notamment sur la façade de l’église. Plusieurs organisations internationales travaillent encore sur le site, pour solidifier et mettre en valeur ses nombreux bâtiments.
En juillet dernier, le site était très affairé car une équipe de jeunes artistes et techniciens s’apprêtaient à terminer le tout nouveau spectacle nocturne, destiné à remplacer l’ancien son et lumières.
Depuis le 31 juillet, San Ignacio propose donc un spectacle des plus raffinés, qui m’a un peu rappelé le Moulin à images de Robert Lepage, à Québec. Grâce à des projections d’images en 3D, les bâtiments retrouvent leurs dimensions originales et s’animent de personnages – Jésuites, Guaranis, Espagnols, chevaux, etc. –qui défilent sur les murs des ruines tout autour, en 360 degrés.
la Mission de San Ignacio, la plus visitée et organisée de toutes.
Avec des faisceaux lumineux, une trame sonore et un lieu déjà bien impressionnants, le résultat est très réussi! Et il y a fort à parier que grâce à ce spectacle de grande qualité, de plus en plus de visiteurs individuels et de voyagistes choisiront de prolonger leur escale à San Ignacio, d’ autant plus que plusieurs nouveaux hôtels boutique y ont ouvert leurs portes récemment.
Le pont San Roque Gonzalez de Santa Cruz
Une petite visite au Paraguay ?
Pour qui dispose d’un peu de temps et ne craint pas de sortir des sentiers battus, il peut être intéressant d’aller voir également les missions de Santa Trinidad et de Jesus, au Paraguay.
Située à cheval sur la frontière, la ville argentine de Posadas sert de plaque-tornante pour découvrir les missions du Paraguay et de l’Argentine. Basée dans cette ville, la compagnie Guayra propose de nombreuses excursions écotouristiques (vers les chutes d’Iguazu et celles de Mocona, entre autres) mais aussi des excursions d’une journée au Paraguay : bien organisées et pratiques, compte tenu qu’il serait assez compliqué pour des visiteurs de s’y rendre par eux-mêmes...
A partir de Posadas, il suffit de traverser le pont San Roque Gonzalez de Santa Cruz et on rejoint le poste-frontière du Paraguay, quelques minutes plus tard.
Pour qui dispose d’un peu de temps et ne craint pas de sortir des sentiers battus, il peut être intéressant d’aller voir également les missions de Santa Trinidad et de Jesus, au Paraguay.
Située à cheval sur la frontière, la ville argentine de Posadas sert de plaque-tornante pour découvrir les missions du Paraguay et de l’Argentine. Basée dans cette ville, la compagnie Guayra propose de nombreuses excursions écotouristiques (vers les chutes d’Iguazu et celles de Mocona, entre autres) mais aussi des excursions d’une journée au Paraguay : bien organisées et pratiques, compte tenu qu’il serait assez compliqué pour des visiteurs de s’y rendre par eux-mêmes...
A partir de Posadas, il suffit de traverser le pont San Roque Gonzalez de Santa Cruz et on rejoint le poste-frontière du Paraguay, quelques minutes plus tard.
La Place d’ Armes, à Encarnacion.
Pays très intriguant, pratiquement vierge sur le plan touristique, le Paraguay vit avec une heure de décalage (une heure de moins) et surtout, beaucoup moins de moyens que sa voisine. Déjà, à la frontière, on constate que la monnaie locale a peu de valeur (10 pesos Argentins s’échangent pour 2200 guaranis). Après avoir vécu trente ans dans un régime très totalitaire, les Paraguayens sont maintenant dirigés par un ancien évêque : Fernando Lungo, en poste depuis deux ans. « Les choses se sont améliorées et sont en train de changer, mais c’est encore un pays où il n’y a presque pas de classe moyenne »; explique le guide. « Les conditions de vie sont plus difficiles, ce qui explique pourquoi tant de paraguayens traversent la frontière pour venir travailler sur les chantiers argentins ou y vendre des marchandises… »
La campagne paraguayenne.
Tout près de la frontière, la ville d’Encarnacion a d’ailleurs des allures de centre commercial à ciel ouvert... Comme le pays n’impose pas autant de taxes sur les marchandises importées, les boutiques de produits électroniques de toutes sortes s’alignent les unes à côté des autres, remportant visiblement un bon succès auprès des voisins argentins... Pour les visiteurs comme nous, le Paraguay est un pays pratiquement vierge… Certes, les infrastructures touristiques n’y sont pas très nombreuses, mais le coût de la vie y est plus que bon marché!
La majorité des descendants des Guaranis vivent aujourd’hui au Paraguay.
Une excursion d’ une journée ne permet pas de découvrir la capitale du Paraguay, (Assuncion, à 300 km de là) mais offre amplement le temps d’arpenter la Place d’Armes et les rues commerçantes d’ Encarnacion et de visiter les missions de Jesus et de Trinidad, toutes deux classées au Patrimoine mondial.
La mission de Jesus, qui, elle, n’a jamais été terminée.
Construite parmi les dernières (la 29ème sur 30), celle de Trinidad démontre un style architectural plus élaboré, en plus d’avoir été assez bien conservée et restaurée. A une quinzaine de kilomètres de là, la mission de Jesus, elle, n’a pas la même ampleur car elle n’a jamais été terminée. Sur ces sites, de même que dans les campagnes et à Encarnacion, on rencontre également de nombreux descendants des Guaranis. Enseignée dans les écoles, utilisée dans les conversations courantes, la langue Guaranie est d’ ailleurs reconnue comme une langue officielle au Paraguay; au même titre que l’espagnol.
De nombreux taxis attendent à la frontière paraguayenne, pour faire traverser les gens.
Formalités pour les Canadiens qui souhaitent se rendre au Paraguay :
Pour les visiteurs Canadiens, il est nécessaire d’obtenir un VISA pour traverser au Paraguay, même pour un court séjour de moins d’une journée. On peut se le procurer à l’ avance (à l’ ambassade du Paraguay à Buenos Aires) ou le jour même de notre arrivée, au consulat de Posadas. Dans les deux cas, il faut avoir avec soi : une photo, une copie de son billet d’avion vers l’Argentine (aller-retour) et 45$ en dollars américains, UNIQUEMENT.
Aucune autre monnaie n’est acceptée, pas même les pesos argentins. A Posadas, les banques autour du Consulat ouvrent tôt et vous changeront volontiers vos devises. Une fois que le visa est émis (une bonne heure d’attente quand même!), traverser au Paraguay n’est plus qu’une question de minutes...
Lire la suite: une incursion en Uruguay
Pour en savoir plus :
www.guayra.com.ar
www.turismo.misiones.gov.ar
www.paraguay.gov.py
Textes et photos de Nathalie De Grandmont
Ces reportages ont été réalisés grâce à la collaboration de LAN et des intervenants de la province de Missiones.
Lire notre reportage sur LAN
Pour les visiteurs Canadiens, il est nécessaire d’obtenir un VISA pour traverser au Paraguay, même pour un court séjour de moins d’une journée. On peut se le procurer à l’ avance (à l’ ambassade du Paraguay à Buenos Aires) ou le jour même de notre arrivée, au consulat de Posadas. Dans les deux cas, il faut avoir avec soi : une photo, une copie de son billet d’avion vers l’Argentine (aller-retour) et 45$ en dollars américains, UNIQUEMENT.
Aucune autre monnaie n’est acceptée, pas même les pesos argentins. A Posadas, les banques autour du Consulat ouvrent tôt et vous changeront volontiers vos devises. Une fois que le visa est émis (une bonne heure d’attente quand même!), traverser au Paraguay n’est plus qu’une question de minutes...
Lire la suite: une incursion en Uruguay
Pour en savoir plus :
www.guayra.com.ar
www.turismo.misiones.gov.ar
www.paraguay.gov.py
Textes et photos de Nathalie De Grandmont
Ces reportages ont été réalisés grâce à la collaboration de LAN et des intervenants de la province de Missiones.
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La ville d’ Encarnacion