Croisière-vélo sur le Danube : une expérience grand public…(reportage)

Texte et photos : Yves Ouellet ---------------- Il existe un véritable engouement pour la croisière-vélo et s’il est une destination qui conjugue toutes les conditions pour rendre cette expérience mémorable et facilement réalisable, c’est bien le Danube ! Le MV Carissima, opéré par Rad & Reisen, s’en est fait une spécialité.

D’abord l’accessibilité
Parlant spécifiquement de cette aventure cycliste d’une semaine, que nous avons eu l’occasion de faire, sa qualité première demeure sa très grande accessibilité. En effet, ce produit ne s’adresse pas au sportif qui dévore les kilomètres en scrutant sa iWatch ou à celui qui rage de s’attaquer aux cols les plus abruptes des Alpes. Non !

La clientèle du MC Carissima a atteint un certain âge… Sinon un âge certain. Mais elle fait partie du grand club des retraités actifs pour qui les vacances doivent conjuguer activité physique, découverte et plaisir. L’idée de rouler une quarantaine de kilomètres par jour sur des itinéraires très variés ne présentant à peu près pas de difficulté, en plus d’être bien balisés, sécuritaires et de toujours offrir des panoramas extraordinaires, la séduit totalement. De plus, ce programme laisse amplement de temps pour les visites individuelles ou guidées lors des principales étapes. Même ceux et celles que l’idée de pédaler quelques dizaines de kilomètres plusieurs jours successifs rend insomniaques, y trouvent leur compte puisqu’ils peuvent louer une super bécane électrique sur laquelle ils ont l’air de sportifs accomplis… Sans grand effort !

La croisière
Le MV Carissima, dont la restauration est récente, a le profil caractéristique des navires fluviaux, très longs (110 m), bas et effilés. Il offre des chambres sur trois ponts, avec de grandes fenêtres qui peuvent être ouvertes sur les deux ponts supérieurs. Pas de balcons par contre.
Il compte 75 chambres doubles confortables, sans luxe, avec télé et climatisation. L’immense pont soleil s’avère des plus agréables pour admirer le panorama. On y trouve une piscine plus un spa au pont inférieur. Des 150 passagers, si le bateau est plein, plus des deux tiers sont cyclistes. Il n’est donc pas exclusivement réservé aux adeptes de vélo.

Le navire sert trois repas par jour dont un buffet copieux au petit-déjeuner. Au souper, on ne parle pas de gastronomie mais la qualité des plats demeure irréprochable. Les portions sont petites mais on peut faire augmenter les quantités sur demande. Le menu compte chaque soir un poisson, une viande et un mets végétarien qu’il faut commander le matin. Les cyclistes sont invités à passer à la table à lunch pour y choisir une sélection de sandwichs, breuvages et autres qu’ils emportent dans les sacoches vélo fournies, pour le lunch du midi.

Il faut souligner le dévouement du personnel, très amical et attentionné. Toutefois, la difficulté d’avoir un signal Internet stable à bord et le manque d’équipements informatiques pour gérer les services créent des problèmes au moment de régler les comptes individuels avant le départ. Toutes les consommations sont notées sur papier, ce qui rend les bilans imprécis.

L’itinéraire…
Le MV Carissima a son port d’attache à Passau, petite ville de l’est de la Bavière, située à la confluence du Danube, de l’Inn et de l’Ilz, dont Napoléon disait qu’elle était la « Venise bavaroise. » Il vaut effectivement la peine de prévoir au moins une journée complète pour la visite de la vieille ville et de la citadelle Veste Oberhaus.

Embarquement en fin d’après-midi et navigation vers Engelharstszell, en Autriche, où les croisiéristes prendront un premier départ sur deux roues le lendemain matin. Durant ce temps, le bateau s’avance à Aschach pour attendre ses passagers avant de repartir vers Bratislava, en Slovaquie. L’escale suivante sera Budapest, en Hongrie, où plusieurs cyclistes préféreront une visite guidée à vélo de plus de 3 heures plutôt que la randonnée à vélo de 54 km proposée au programme. Un heureux choix puisqu’il semble que ce circuit soit beaucoup moins intéressant que la visite de cette merveilleuse capitale. En soirée, un excellent spectacle de musique tzigane et de danse traditionnelle est proposé dans les forfaits.

Au jour 5, le MV Carissima a amorcé le retour et les cyclistes le rejoignent à Esztergom, toujours en Hongrie, dans une petite ville millénaire incroyablement bucolique avec son église spectaculaire dressée au sommet d’une colline escarpée.

Retour en Autriche au jour 6 avec une pause très attendue à Vienne durant laquelle il est possible d’effectuer une visite guidée à vélo ou en bus. Vienne connaissant en tout temps une véritable surpopulation touristique, toute visite rapide y est quelque peu complexe mais demeure intéressante. À cela s’ajoute, en soirée, la possibilité d’assister à un concert Strauss et Mozart.

Le dernier jour à vélo s’avère particulièrement fabuleux, surtout si le soleil se met de la partie, puisqu’on traverse alors une partie des splendides vignobles de la vallée de Wachau, ponctués de villages pittoresques, de plantations d’abricotiers et de châteaux médiévaux. Une randonnée dont on ressort éblouis, sinon un peu étourdi si on s’arrête trinquer chez les producteurs.

À Krems, tout le monde rembarque pour la soirée du capitaine alors que le navire s’engage dans les dernières écluses en remontant le fleuve jusqu’à Passau où il accostera le matin suivant.

Services vélo
Il est possible d’apporter son propre vélo à bord, ce que préfèrent certains Européens qui voyagent en auto. Comme on ne parle nullement de performance ici, il est inutile de transporter son propre vélo en avion. Des bicyclettes de 7 à 21 vitesses ou des vélos électriques sont loués sur place. Chaque matin, les vélos sont sortis du bateau et alignés sur la piste par l’équipage qui compte une équipe de mécanos.

Depuis près de 30 ans, Rad+Reisen Eurocycle organise des circuits de vélotourisme partout dans le monde mais, depuis 2001, l’entreprise s’est imposée dans le marché de la croisière-vélo sur le Danube, à bord de superbes transporteurs fluviaux comme le MV Carissima. Quelques voyagistes européens offrent des forfaits similaires sur ce navire et sur d’autres.

Ces forfaits sont également vendus au Québec par différents intermédiaires et de plus en plus de cyclistes Québécois voyagent sur le Danube.